Style
06 septembre 2016
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Eugénie, impératrice du bijou
Quels étaient les goûts de l’impératrice, l’une des plus grandes collectionneuses de bijoux de tous les temps ?
Les bijoux officiels
Lors des réceptions et des bals, l’impératrice a le devoir de promouvoir le savoir-faire des manufactures françaises. Sur ses robes époustouflantes du couturier Charles Worth, elle porte des pièces des joailliers Evrard Bapst et Gabriel Lemonnier, aujourd’hui disparus. Les qualifiant de « harnais de la représentation », elle s’en débarrasse très vite à la sortie du bal, les laissant tomber dans les mains de son entourage. Cinq d’entre elles d’une valeur inestimable, ont survécu à la vente des Joyaux de la Couronne en 1887 et sont aujourd’hui exposées au Louvre.
La cassette personnelle
Les bijoux sont moins ostentatoires et de style très variés. On y trouve une broche en forme de plume de paon, des libellules et des papillons, des bijoux à l’antique ou naturalistes, des boucles d’oreilles chandelier, une broche trèfle à quatre feuilles en émeraudes de Fossin offerte par l’empereur avant leur mariage, un cœur en rubis, etc. Les livres de commande en témoignent : elle se rend presque quotidiennement chez son joaillier préféré, Mellerio.
Une jeune femme à la mode
L’impératrice ajoute sa touche personnelle en faisant démonter ses bijoux pour en obtenir de nouveaux. Son grand nœud de ceinture est décalé en devant de corsage, l’éventail offert par l’Empereur en ivoire et en dentelle d’Alençon parsemé de diamants, se métamorphose en une série de broches étoiles à piquer dans la chevelure, inspirées par celles d’Élisabeth d’Autriche.
Le culte pour Marie-Antoinette
Elle s’identifie… Elle pose en cheveux poudrés et robe de taffetas jaune ornée de rubans bleus et de nœuds noirs et fait copier les devants de corsages comme cette broche figurant des feuilles de groseillier, vendue par Christie’s, en 2014. Les rubans, les fleurs et les feuillages et surtout les nœuds figurent parmi ses motifs préférés.
Une boulimie de perles fines
Dans ce registre, elle rivalise avec sa cousine Mathilde. Sa cassette comprend d’innombrables colliers dont celui à trois rangs offert par l’Empereur, juste avant son mariage. Il y a aussi des paires comme celle de gouttes grises, récemment vendue par le joaillier américain Siegelson. Elle a hérité de la « Régente », une perle mythique acquise par Napoléon pour Marie-Louise. En 1887, elle est achetée par le joaillier russe Fabergé.
Une passion pour les émeraudes
Eugénie possède une magnifique collection d’émeraudes colombiennes. Au fil des héritages et des ventes, on retrouve sept d’entre elles sur un collier de l’épouse du Shah d’Iran. Deux autres, de respectivement 17,97 carats et 15,99 carats, ont été vendues par Christie’s, à Genève, en 2011.
Bijoux et sens de la charité
Cette passion pour les bijoux n’a pas empêché Eugénie de refuser le somptueux collier que lui offre la ville de Paris, pour son mariage : elle demande alors à ce que la somme soit utilisée pour la construction d’un orphelinat.
Merci à Émilie Bérard, responsable du patrimoine chez Mellerio.
À lire :
– Bijoux des deux Empires, Claudette Joannis (Somogy éditions d’Art)
– Mellerio dits Meller, Joaillier des reines, Vincent Meylan (Éditions Télémaque)