Style

25 septembre 2017

Didier Ludot et ses petites robes noires-bijoux chez Sotheby’s Paris

L’antiquaire de la mode met en vente 140 petites robes noires, le 3 octobre 2017 à Paris. Pour certaines d’entre elles, le mot « bijou » s’impose naturellement…

 

Cette deuxième vente chez Sotheby’s est entièrement consacrée à votre vêtement fétiche. Pourquoi ne pas les vendre dans votre boutique ?

Les acheteurs de pièces anciennes de haute couture évoluent, la façon d’acheter aussi. Ces ventes me permettent de rencontrer des collectionneurs qui ne viendraient jamais dans la boutique du Palais-Royal que j’ai ouverte il y a 43 ans.

 

Certaines ornementations en métal, en fils d’or ou en paillettes s’apparentent à de véritables bijoux

Les broderies chinoises de la robe Jean Patou, que j’ai prêtée au Metropolitan Museum of Art pour l’exposition « China » en 2015, pourraient être faites de pierres précieuses. Il y a aussi le col en strass (probablement de Swarovski) qui soulignent le mouvement merveilleux du col de la robe Thierry Mugler. On dirait qu’il est soulevé par une bourrasque ! Maruschka Detmers a porté cette robe aux Oscars de la mode, en version ultra courte, avec des cuissardes en velours aux revers empierrés. Parmi mes préférées, il y a aussi celle de Comme des Garçons avec son col en zips tournoyant qui se métamorphose en collier. Quel effet étonnant que ces objets utilitaires évoquant un bijou massaï !

 

La broderie de la robe Chanel fait, elle, écho aux collections de haute joaillerie de la maison…

Inspirée par une fontaine de Versailles, la broderie réalisée par Lesage témoigne d’un travail exceptionnel, digne de lapidaires, d’orfèvres et de sertisseurs. On distingue à peine, au centre, les deux C entrelacés. Cette robe de 1986 n’existe qu’en deux exemplaires, dont l’un a été porté par Inès de la Fressange dans une publicité pour le parfum « Coco ». Il y a une autre robe-bijou Chanel qui date elle aussi des années 1980, une période clinquante très à la mode aujourd’hui ! Elle est décorée de grandes chaînes comme des sautoirs qui tombent dans le dos. Rappelons que Gabrielle Chanel adorait les faux bijoux.

 

Les robes noires-bijoux de Lanvin et Paco Rabanne font figures de classiques.

Dans les années 1930, Jeanne Lanvin est une spécialiste de la robe-bijou enrichie de décors en perles, corail, miroirs, broderies de fils métalliques qui encadrent le col, les emmanchures, les poignets. Quant à Paco Rabanne, il excellait dans les vêtements en métal comme la robe de 1965 en plaques d’or véritable ornée dans la partie supérieure de diamants De Beers, portée par Françoise Hardy. Ce n’est pas par hasard que Gabrielle Chanel le surnommait « le métallurgiste » !

 

Entre 800 et 5 000 euros, les estimations semblent raisonnables…

Certains prix resteront parfaitement accessibles, d’autres s’envoleront car des grandes maisons et des musées sont sur les rangs. Dans ma première vente chez Sotheby’s, la robe Balenciaga appliquée de plumes roses ayant appartenu à Francine Weisweiller, une amie du couturier, a été le plus haut : 56 000 euros alors qu’elle était estimée 6 000 à 8 000 euros.

 

Toutes les robes ne sont pas noires ! Et vous proposez aussi des souliers Roger Vivier…

Il fallait réveiller l’ensemble avec des contrepoints lumineux comme celle d’Alexander McQueen. Certains des escarpins Roger Vivier, brodés par la maison Rébé, me sont parvenus de façon étrange… Un chauffeur en livrée s’est présenté à la boutique avec trois énormes sacs poubelles remplis de boîtes Roger Vivier. Mais impossible de connaître le nom de la donatrice qui souhaitait rester anonyme. Vendre c’est bien, mais rien n’est plus excitant que d’acheter !

 

Sotheby’s Paris – 76, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris – Exposition du 28 septembre au 2 octobre 2017 – Vente le 3 octobre à 14h30.

 

Portrait de Didier Ludot © Ali Mahdavi

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