Itinéraires joailliers
28 janvier 2021
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Marc Deloche à L’École des Arts Joailliers
Faire « Un Tour du Monde du Bijou »… Ce voyage inédit est un cours de L’École des Arts Joailliers auquel j’ai convié Marc Deloche, créateur de bijoux et architecte. Ses impressions.
Propos recueillis par Sandrine Merle.
Afrique, Asie, Océanie, Amérique et Europe : nous voilà entraînés dans un fascinant périple, un « Tour du Monde du Bijou » guidés par la gemmologue Marie-Laure Cassius et l’historienne de l’art Cécile Lugand. Ce duo passionnant offre une vision transversale sur les matériaux, les savoir-faire et les styles. C’est parti !
Sandrine Merle. Ce « Tour du Monde du Bijou » a commencé en Afrique et plus précisément en Egypte où l’argent était, aux temps des pharaons, plus rare que l’or. Justement l’argent est ton métal de prédilection !
Marc Deloche. Oui, quelle coïncidence amusante ! J’ai de vraies affinités avec ce métal gris, très noble, pérenne et beaucoup plus discret que l’or. J’ai commencé à le travailler il y a vingt ans, parce que j’avais eu l’occasion d’admirer beaucoup de bijoux en argent lors d’un voyage au Mexique. Je l’ai aussi utilisé pour des raisons économiques, il est moins cher que l’or.
S.M. Qu’as-tu appris pendant ce cours ?
Marc Deloche. J’ai découvert le kundan, la technique indienne de sertissage (en home, voir la vidéo diffusée pendant le cours). Toujours très utilisée aujourd’hui, elle s’est diffusée à partir du XVIe siècle avec les empereurs Moghols. J’aime cette façon de sertir les gemmes autrement qu’en utilisant des griffes de métal comme en Occident : en Inde, l’artisan utilise des feuilles d’or pur extrêmement fines qu’il amalgame et replie autour de la pierre grâce à son burin. Et cela à température ambiante, sans soudure ! Le résultat est époustouflant comme on l’a vu sur une poignée de dague du XVIIIe siècle, sculptée dans du jade néphrite blanc puis incrusté de rubis.
S.M. Ce cours a-t-il été inspirant pour tes prochaines créations ?
Marc Deloche. Il m’a donné envie d’explorer des éléments plus ethniques comme la forme de la dent de cochon très prisée pour les bijoux au Vanuatu. J’aime son mouvement hélicoïdal très contemporain. Mais voilà ce qui m’a sans doute le plus interpellé dans ce tour du monde : Marie-Laure et Cécile ont mis en lumière la notion de préciosité selon les cultures. Tout est relatif. Chacun décide de ce qui a de la valeur ou pas, diamants en Occident, plumes de martin-pêcheur en Chine ou plumes d’aigle dans les plaines d’Amérique du Nord, perles de verre en Afrique, laque au Japon, coquillages en Papouasie Nouvelle-Guinée, etc. Cela fait complètement écho à ma conception du bijou.
S.M. Tu insistes beaucoup sur l’importance de la culture joaillière.
Marc Deloche. Cette culture est associée au travail de la main, de l’art, de l’artisanat. Il faut bien faire comprendre que la réalisation de certains objets nécessite du temps et du savoir-faire et ce, aussi bien auprès de professionnels que d’un public moins initié. Il est donc essentiel de la diffuser comme le fait L’École des Arts Joailliers via ses cours, ses conférences, sa bibliothèque et ses expositions.
S’inscrire au cours « Le Tour du Monde du Bijou » à L’École des Arts Joailliers
Photo en bannière : Marc Deloche à L’École des Arts Joailliers Photo Sandrine Merle
Vidéo en bannière : Kundan Setting © Victoria & Albert Museum
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