Itinéraires joailliers

24 mai 2023

Musée Lalique, dans l’uni-verre de l’artiste

Situé à Wingen-sur-Moder, au cœur des Vosges du Nord riches d’une tradition verrière, ce musée permet de comprendre l’importance croissante prise par cette matière dans le travail de René Lalique. Au point qu’au sommet de son art, il abandonna le bijou.
Par Sandrine Merle.

 

 

Installé dans un bâtiment mêlant architecture ancienne et contemporaine (réaménagé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte), le musée Lalique est un musée public créé dans le village où l’artiste a fondé sa manufacture de verre en 1921. Organisé chronologiquement, il présente 650 objets dont une soixantaine de très beaux bijoux.

 

Bijoux, manifestes de l’Art nouveau

Tout commence avec le fameux devant-de-corsage formé par 5 hirondelles en diamants (pouvant se porter séparément) dont Lalique présenta le dessin à Boucheron : ce dernier le refusa avant de se raviser, une fois cette merveille réalisée ! Voilà ensuite le collier de chien « Houx », le sublime peigne « Soleil Levant » inspiré par le Japon, le diadème « Laurier » ou encore les pendentifs « Nymphes Dansant ». En rupture avec ses contemporains, René Lalique choisit ses matériaux avant tout pour leur valeur esthétique : à la place des pierres précieuses, de la corne, du corail, de l’ivoire ou encore de l’émail, son matériau de prédilection. Non seulement ce dernier lui permet de rendre la subtilité des couleurs de la nature et d’obtenir un effet vitrail mais il remplace aussi les gemmes à la pureté souvent troublée par des inclusions.

 

La montée en puissance du verre

« C’est en explorant les techniques de l’émail pour ses bijoux que René Lalique a découvert les possibilités du verre translucide », continue Véronique Brumm Schaich directrice du musée. Dès 1890, il apparaît en touches pour prendre une importance considérable comme en témoigne la broche « Nymphe Rose » de 1905, manifeste du style de René Lalique : sur l’élément central, des personnages apparaissent en relief sur la face avant et en intaille sur la face arrière créant un effet saisissant. Grâce au verre, il peut obtenir des volumes en ronde bosse (en volume) et des détails plus précis comme en témoignent les « Quatre Paons » ou les « Guêpes et Prunus ». De véritables sculptures… Son beau-père Alphonse Ledru, qui travaille pour Rodin, influence probablement cette évolution.

 

Le triomphe du verre

« Le dernier bijou, ravissante bague en verre gravé d’un souffleur de verre, est prémonitoire », remarque Véronique Brumm Schaich. En effet en 1912, René Lalique stoppe sa production de bijoux uniques pour se consacrer exclusivement aux objets en verre produits en série. « Il est las de voir ses bijoux copiés et n’a jamais caché son désir d’explorer d’autres voies. Son épouse-muse, Alice, a disparu et il a rencontré le parfumeur François Coty qui l’amène aux flacons. » Le musée en présente une collection fabuleuse appartenant au propriétaire actuel de la maison Lalique. Les autres espaces du musée sont dédiés à cette nouvelle ère, à son œuvre verrière : vases, services de table, art sacré, luminaires, etc. Il n’y a plus que quelques bijoux en verre dessinés par sa fille Suzanne, pendant la période Art déco. Ils sont formés par des plaquettes, des perles et des cubes en verre souvent émaillés.

 

Une visite émouvante dans un lieu intime et apaisant à poursuivre sur le toit-terrasse planté de végétaux chers à René Lalique, face à la nature qu’il aimait tant.

 

En partenariat avec L’École des Arts Joailliers dans le cadre du projet « Les Lieux du bijou »

Pour en savoir plus : 5 raisons d’aller au musée Lalique

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