Qui dit pièce de monnaie, dit bijou. Comme en témoignent ces deux expositions à la Citéco : « Le trésor de Beaurains » et « New Economy », de l’artiste Sabine Pigalle.

Par Sandrine Merle.

Derrière une énorme porte d’acier, dans l’impressionnante salle des coffres du splendide hôtel particulier néo-gothique, la Citéco présente 5 médaillons en or considérés comme des Trésors Nationaux et qui viennent d’être achetés par la Banque de France (dont cet hôtel particulier fut la succursale jusqu’en 2006). D’une valeur inestimable, ils ont été découverts en 1922, dans une jarre déterrée d’un coup de pioche lors de travaux de terrassement à Beaurains au sud d’Arras. Frappés à la fin du IIIe siècle et au début du IVe siècle, ils figurent les deux Augustes, Dioclétien et Maximien, et des deux Césars, Constance Chlore et Galère, assurant le gouvernement de la tétrarchie romaine.

Médaillons et bijoux du Trésor de Beaurains

C’est la toute première fois qu’on voit ces 5 médaillons, terme ne se référant pas à un pendentif mais à une pièce de monnaie prestigieuse distribuée aux chefs de province à titre de prime pour services rendus.  Magnifiques, on les aurait pourtant bien imaginés montés en pendants… « Ils ont avant tout été conservés comme valeur de thésaurisation », précise Véronique Beirnaert-Mary directrice du musée d’Arras. Ceci posé, le Trésor de Beaurains comprenait des bijoux : certains ont probablement été dérobés la nuit de leur découverte, les treize arrivés jusqu’à nous sont au British Museum (Londres) comme ce bracelet sertis d’une succession de cabochons d’améthyste, d’émeraude, de grenat ou cette belle bague de mariage en or gravé au nom de Valérianus, envisagé comme le premier propriétaire du trésor de Beaurains.

Maria Kaprili, des motifs en héritage

« New Economy », l’exposition dans l’exposition

Pendant le confinement, l’artiste Sabine Pigalle a réalisé une série de collages à partir d’anciennes pièces de monnaie chinées et frappées à l’effigie de monarques, d’intellectuels, de leaders politique ou encore de figures mythologiques. Avec humour et légèreté, elle les a dotés d’un masque symbolisant l’asphyxie du système économique et monétaire. Voilà Marie-Antoinette, le bas du visage dissimulé par des rangs de perles évoquant la célèbre affaire du collier. Le masque de Charlemagne est, lui, la réplique de sa couronne tandis que celui de Margrethe II du Danemark fait écho à son diadème en perles poirées entourées de diamants, transmis depuis Louise de Prusse, fille du roi Frédéric-Guillaume III. Sur la pièce, on distingue très bien, malgré la miniaturisation, la gravure des formes poire. On reconnaît aussi sa parure collier + boucles d’oreilles en diamants et en perles (souvent portée avec le diadème) offerte par le Khédive d’Egypte au XIXe siècle. À voir.