Style
28 septembre 2021
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Les incroyables et merveilleux bijoux d’EGONlab
Chez EGONlab, les bijoux, à l’image de leurs vêtements, participent à inventer la silhouette multi influences et non genrée du XXIe siècle. Sortis de ce contexte, ils restent portables et par tous.
Par Sandrine Merle.
Florentin Glémarec et Kévin Nompeix, les créateurs d’EGONlab, cherchent à abolir toutes les frontières en mixant les références. Ce que traduit le nom de ce label français lancé en 2018 : il est composé de EGON pour Egon Schiele (l’art, les corps contorsionnés et noueux, etc.) avec le suffixe lab pour laboratoire, innovation, expérimentation. Chaque collection est une histoire globale qui les amène sur des terrains inhabituels qui peuvent être celui du bijou.
Collection « Horror story »
L’un des premiers bijoux d’EGONlab, dans la collection « Horror Story », est une bague armure en métal argenté recouvrant entièrement le doigt. Articulée, ajourée et ciselée avec une extrémité pointue comme une dague, elle est entièrement décorée de cristaux de couleur polis en cabochons ou facettés comme des pierres précieuses. Démultipliée sur les 10 doigts de la main, elle transforme son porteur en créature de sci-fi, quasiment en cyborg. De quoi parfaire l’ambiance d’épouvante de la vidéo présentant cette collection. Mais si l’on en porte une seule, cette bague s’avère complètement portable tout comme les 10 gouttes de cristal, un ornant les ongles.
Collection « Dynasty » (vidéo en bannière)
Les bijoux sont beaucoup plus nombreux dans leur dernière collection « Dynasty ». Les colliers de chien surchargés de pièces de monnaie et les sautoirs en cristaux blancs taille émeraude, les bijoux de chaussures et les ongles en cristaux violet apparaissent excentriques et extravagants uniquement parce qu’ils ornent ces silhouettes inédites, non genrées, longilignes en pantalon patte d’eph’, chemise hawaïenne, néo-corset ouvert et robes de tartan aux hanches hypertrophiées et anguleuses. Mais chacun est bien libre de s’approprier ces bijoux sans adopter le layering de vêtements mêlant les influences, du Moyen-Âge, des années 70, du tayloring ou encore du sportswear.
Châtelaine ou ceinture charm’s
Dans cette collection, la châtelaine, bijou disparu depuis le XIXe siècle, est hybridée avec la ceinture. En fait, elle ressemble à un bracelet XXL avec des charm’s mini paires de ciseaux, des cachets et des pièces de monnaie chinés mais aussi des petites cuillères au manche travaillé et orné d’un blason émaillé ou encore des grelots. La voilà mixée avec un pantalon patte d’eph’, un débardeur blanc assorti d’une fraise XVIIe typique des portraits flamands. Elle est aussi associée à un top entièrement couvert d’écriture gothique « tatoué » des paroles de la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer. Mais aucune obligation !
Abolir les frontières entre masculin et féminin
Le leitmotiv de ce label est d’abolir les frontières entre le masculin et le féminin comme l’illustrent entre autres, la jupe sur le pantalon et le corset modulable. Mais qu’est-ce qu’un bijou soi-disant masculin ou soi-disant féminin ? La jeune doctorante Laure Heurtin dont la thèse porte sur « Le bijou masculin de la fin du XVIe siècle au XVIIIe siècle » disait, il y a quelques jours, lors de la journée d’étude Jeunes Chercheurs de l’École des Arts Joailliers : « le définir et l’identifier est complexe car si on regarde l’histoire, la majorité des bijoux a été porté par les deux sexes. L’homme les a généralement abandonnés quand la femme les a adoptés. » Avec le bijou non genré, l’heure de la réconciliation a sonné.
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