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24 mars 2025

Découvrir Warwick Freeman dans « Hook Hand Heart Star » l’exposition de la Pinakothek der Modern à Munich

Ne manquez pas la première rétrospective d’un grand musée consacrée à l’artiste Warwick Freeman précurseur du bijou contemporain néo-zélandais.

Par Sandrine Merle.

 

 

Une fois arrivés dans la galerie circulaire, une liste de 24 mots (Flora, Circle, Wall Work, Sentences, etc.) indique d’emblée le déroulé thématique. Warwick Freeman n’est pas un adepte de l’approche chronologique. Il est vrai que son œuvre n’a pas connu de véritables ruptures et s’illustre depuis les années 80 par sa continuité, sa cohérence, ses leitmotivs et ses correspondances. Parmi les thèmes récurrents figurent la colonisation par les Anglais (il est Paheka), la culture de son pays, la richesse de sa faune et de sa flore mais aussi l’esthétique Maori.

 

« Sentences », des rébus poétiques (diaporama horizontal) 

Ce titre mystérieux « Hook Hand Heart Star » est composé de quatre emblèmes, quatre bijoux graphiques qui font partie d’un lexique bien plus large allant du crochet à l’étoile en passant par le poisson, l’oiseau, etc. Ces bijoux fonctionnent comme des mots formant ce qu’il appelle des phrases. Des sortes de rébus poétiques que le public est incité à interpréter en fonction de sa culture et de sa sensibilité. À chacun d’en accrocher un ou plusieurs sur son vêtement car Freeman accorde une énorme importance au porter, pour lui le succès de son œuvre en dépend. Cet alignement, le dernier créé, fait écho au premier, exposé ici et qui date de 1988 : « Fern Fish Feather Rose » qui symbolise la richesse de la faune et de la flore de Aotearoa (l’autre nom de la Nouvelle-Zélande) avec un intrus, la rose, introduit par les Anglais.

 

Le langage Freeman, un écho immémorial

Parmi les plus beaux alignements présentés figure celui de 1997 : il se compose de six broches, d’un bouclier en grès et en quartz, d’une tache rouge en jaspe, d’une feuille de Karaka en pierre verte, d’un œil en coquille de perle, d’un oiseau en écaille de tortue et d’un crâne incliné en os de vache. Ses bijoux indépendants peuvent s’assembler et se juxtaposer à l’infini avec d’autres ne faisant pas partie de cette série. Peu importe la date à laquelle ils ont été créés, ils s’inscrivent « dans le même arbre généalogique ». Impossible de dresser la liste des influences tant elles sont nombreuses et s’entrecroisent. Les formes très abstraites sortes de hiéroglyphes, d’éléments de langage néo primitifs, abstraits et spirituels oscillent entre primitivisme et graphisme ultra moderne. « Mes objets trouvés proviennent généralement de sources banales mais je suis à l’écoute d’un écho antérieur à cette forme », déclare-t-il dans le catalogue de l’exposition.

 

Une liste infinie de matériaux

Initiateur du courant du bijou contemporain néo-zélandais, Freeman a été le premier, à partir des années 80, à valoriser des matériaux locaux : le coquillage Paua et le pounamu une variété de néphrite. Il convoque aussi l’os, le bois, la pierre, la dent de cheval… Le principe est de minimiser l’intervention de l’homme avec quelques trous et entailles, rien de plus. Il métamorphose simultanément la forme et la matière : quand il voit un masque primitif dans un morceau de pot d’échappement, il le matérialise en or. Quand devant une boîte d’allumettes il remarque une forme anthropomorphique, il le décalque en jais (bois fossilisé).

 

En France, Warwick Freeman n’est connu que d’initiés d’abord parce qu’il œuvre dans le bijou contemporain, secteur auquel on accorde peu de visibilité et parce que la Nouvelle-Zélande semble bien loin… Cette exposition est une occasion rare de s’initier à son travail : ne la manquez surtout pas.

 

Jusqu’au 15 juin 2025 à la Pinakothek der Moderne -Munich

 

« Sentence », 2024 Fleur de pétoncle, Broche Doodle, Mon (noir), Mon (blanc), Feuille noire, Crâne de Pāua Photo Sam Hartnett, avec l’aimable autorisation de l’artiste et Objectspace

 

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