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05 septembre 2022
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L’exposition « Gold, les ors d’Yves Saint Laurent »
L’exposition « Gold, les ors de Saint Laurent » célèbre la prédilection d’Yves Saint Laurent pour la couleur du métal précieux. Brillante, elle coïncide avec les 60 ans de sa première collection et l’arrivée de la nouvelle directrice du musée parisien, Elsa Janssen.
Par Sandrine Merle.
L’or sous toutes les coutures
De l’or vif, légèrement cuivré, en lamé, en brocard, en broderie, en sequin, en broché … « L’idée est née d’une visite d’Elsa Janssen dans les archives du musée YSL de Marrakech à qui nous prêtons chaque année des pièces, explique Judith Lamas chargée des collections textiles et accessoires. Elle a eu un choc esthétique en voyant tous les vêtements dorés rangés les uns à côté des autres. » Ce qui n’arrive jamais dans les réserves du musée parisien classées, elles, chronologiquement.
Des pièces rarement exposées
Pour cette première exposition consacrée à l’or, la volonté est de proposer des pièces peu connues et peu exposées. La plupart des 39 œuvres textiles proviennent du musée parisien qui en compte 7 000 au total. Une richesse qui s’explique par la politique de patrimonialisation commencée très tôt, dès 1974. Sur les fiches de chaque vêtement qu’il souhaitait intégrer au musée, Yves Saint Laurent griffonnait déjà un M. Dès 1981, il y a eu un conservateur, Hector Pascual.
Une passion pour l’or
« J’aime l’or, c’est une couleur magique » ; « pour le reflet d’une femme, c’est la couleur du soleil », disait-il. On ne sait pas exactement d’où vient la prédilection d’Yves Saint Laurent pour l’or même si ce dernier l’a beaucoup évoqué dans ses interviews. « Il lisait beaucoup et allait souvent dans les grands musées, il connaissait très bien la galerie des Glaces de Versailles, celle d’Apollon au Louvre ou encore les décors baroques du XVIIIe siècle », précise Judith Lamas. Bien entendu, et même si le tissu est rarement analysé, il ne s’agit pas d’or véritable : pour le lamé par exemple, il s’agit de fils métalloplastiques et donc beaucoup plus légers, fluides et brillants.
TFJP x Comité Colbert, l’or dans la couture
L’or, fil conducteur
Grâce à une approche chronologique, l’exposition « Gold, les ors de Saint Laurent » montre que le couturier a utilisé cette couleur dès sa première collection et tout au long de sa carrière. Parmi les pièces les plus anciennes de la partie « Swinging Sixties », une robe de cocktail brodée de fils métalliques or et argent ou broderies sequins ou une autre rebrodée d’un serpent s’enroulant autour du corps (par la maison Rédé). Les dernières datent des années Palace. Au passage, il a bousculé les a priori d’un or associé à la richesse et à la haute couture en l’utilisant dans la collection de prêt-à-porter Rive Gauche comme en 1991 avec un final de mannequins entièrement vêtues de doré. Elle reste parmi les moments les plus forts…
Du détail au total look
Le couturier a décliné l’or en touches comme en témoigne la thématique dédiée aux boutons dorés. « Ils remplaçaient les bijoux de jour qu’Yves Saint Laurent n’aimait pas », explique Judith Lamas. A l’opposé, le couturier a osé des robes tout or comme celles drapées à l’antique en lamé fluide dévoilant dos et décolletés (1994-1995) ou les tenues de scène de Zizi Jeanmaire et de Sylvie Vartan. Cette dernière a, d’ailleurs, prêté la combinaison créée pour son Olympia de 1972. Autre merveille exposée : l’extraordinaire robe-bijou en sequins dorés incrustée d’une ceinture en pierreries. Immortalisée par David Bailey pour Vogue en 1966, elle a appartenu à la socialite Américaine Nan Kempner (décédée en 2015) qui n’hésitait pas à dire : « en Saint Laurent, on ne se sent jamais clinquante ».
Bijoux et objets dorés
Dans « Gold, les ors de Saint Laurent », plus de 300 bijoux créés par Loulou de la Falaise (et fabriqués entre autres par Goossens et Scemama) sont mis en scène par la fille de cette dernière, Anna Klossowski de Rola (TFJP reviendra sur ce sujet avec un article spécialement dédié). Quelque 150 objets trônent aussi dans un cabinet de curiosité conçu par la set designer Valerie Weill : le dé à coudre et la paire de ciseaux du studio (habituellement exposés au musée) en côtoient d’autres liés à l’univers personnel du couple Bergé-Saint Laurent (provenant notamment de la collection vendue chez Christie’s en 2009). Chez Yves Saint Laurent, l’or est partout y compris dans ses parfums. Pour la première fois, on découvre l’un des rares flacons de « Champagne », récemment acquis par le musée : lancé en 1993 « pour les femmes heureuses, légères et qui pétillent », il a dès 1996 été rebaptisé « Yvresse » suite à une procédure judiciaire engagée par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Bonne visite !
« Gold, les or d’Yves Saint Laurent » au musée Yves Saint Laurent du 14 octobre 2022 au 14 mai 2023