Itinéraires joailliers
07 mars 2018
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Le musée de la joaillerie, à Vicenza
On croit qu’il existe pléthore de musées comme celui-ci, entièrement consacrés à la joaillerie. Il n’en est rien… Rencontre avec sa fondatrice et directrice Alba Cappellieri.
Par Sandrine Merle.
Ouvert en 2014, ce musée de la joaillerie est l’un des rares dans le monde à être consacré au bijou avec celui de Séoul, de Pforzheim et de Munich. Les autres sont généralement des galeries situées dans des musées dédiés aux arts décoratifs. « Il était légitime qu’il soit à Vicenza, précise Alba Cappellieri ancienne architecte aujourd’hui professeur de design du bijou à la faculté de Design du Politecnico (Milan). C’est le centre historique de la joaillerie italienne, là où se concentrent les fabricants notamment les spécialistes de la chaîne. »
L’absence de collection permanente
« Je n’avais pas les moyens colossaux nécessaires à la constitution d’une collection permanente de qualité », explique Alba Cappellieri. Pour contourner cette difficulté, elle a l’idée formidable de réaliser des expositions, tous les deux ans, uniquement à partir de prêts. Les bijoux viennent du monde entier, du Musée des Arts Décoratifs de Paris, de collections de marchands comme celle de l’Anglais Faerber, de collections privées, etc. « Ce mode de fonctionnement permet de créer la surprise : les visiteurs peuvent venir et revenir, ils ne trouveront jamais la même sélection. Finalement Le Louvre Abu Dhabi est basé sur la même idée, non ? », s’amuse-t-elle.
9 salles, 9 curators
Alba Cappellieri a choisi une approche inédite : le musée est organisé en neuf salles thématiques consacrées à la Beauté, au Design, à la Fonction, au Futur, à la Mode, à la Magie, à l’Art, au Design et aux Icônes. Chacune a un curator qui change à chaque exposition, tous les deux ans : jusqu’à fin 2018, on y rencontre Glenn Adamson le directeur du MAD à New York, l’anthropologue Cristina Del Mare, le designer Odo Fioraventi ou encore le président de Van Cleef & Arpels, Nicolas Bos. La prochaine session accueillera entre autres, Pascale Lepeu conservatrice de la collection Cartier et la galerie Marzee, spécialisée en bijou contemporain.
Une visite exceptionnelle
Le résultat s’avère inattendu, vivant, excitant et d’une richesse folle. Les 400 pièces sont des bijoux ancien et contemporains, sertis de diamants ou en tissu. Ils sont anonymes ou signés René Lalique, Gijs Bakker ou encore Alexandre Calder. Le pectoral de madone du sanctuaire Monteberico côtoie la couronne contemporaine de David Bielander en or mimant du carton. Les épingles de châle auvergnates rencontrent la broche Van Cleef & Arpels des années 30. Dans la salle consacrée à la mode, la silhouette de l’excentrique styliste de mode Anna Piaggi veille, parée d’un collier Dolce & Gabbana à breloques en plastique coloré.
Pour Alba Cappellieri, « le rôle d’un musée est de distraire, d’éduquer mais aussi de susciter la curiosité et de faire apparaître de nouvelles perspectives. » Mission réussie.