Business

27 octobre 2016

Cartier et le Japon

La réouverture du flagship Cartier à Tokyo, donne l’occasion de rappeler les liens du joaillier français avec le Japon.

À Ginza, le quartier des boutiques de luxe, l’immeuble rouge Cartier ressemble à une monumentale lanterne luminescente. La réouverture de ce flagship est marquée par de nouvelles façades réalisées par Sylvain Dubuisson. Ultra modernes, elles sont constituées d’alvéoles qui font référence aux shoji, ces paravents à découpes de bois et de papier. Comme des pixels, elles s’animent la nuit en figures géométriques dont l’effet cinétique fait écho à celui de la boutique Chanel voisine. À l’intérieur, rénové par Bruno Moinard, l’agencement, les paravents – des panneaux de bois laqué à la feuille d’or – et les couleurs évoquent la sérénité d’un temple japonais.

Dès 1867, Louis Cartier est fasciné par les objets, estampes et peintures présentés pour la première fois par ce pays à l’Exposition universelle. L’influence du Japon dans le domaine artistique est phénoménale, elle touche également les couturiers comme Poiret et les peintres impressionnistes et postimpressionnistes. Louis Cartier s’inspire également de dessins d’une revue publiée par le grand marchand Samuel Bing, Le Japon artistique. Y figurent notamment des grappes de glycine, symbole de jeunesse, qu’il réinterprète en boucles d’oreilles de diamants, entièrement articulées. Plus tard, pendant la période Art déco, les motifs abstraits géométriques des tissus de kimonos ou des estampes trouvent un second souffle sur une broche carrée en diamants dans laquelle s’inscrivent des demi-cercles.

Ce Japon fantasmé passe par la réinterprétation du inrô, précieux récipient destiné à recueillir des préparations médicinales et porté à la taille. En 1942, il devient un petit nécessaire qui dissimule un tube à rouge sous son pompon de soie. Autre pièce emblématique : le bracelet orné de dix breloques représentant chacune une tradition, un symbole, etc. La première fait ainsi référence à la fête du Hina matsuri pendant laquelle on expose des poupées précieuses transmises de génération en génération et censées protéger contre les mauvais esprits. L’avant-dernière figure deux idéogrammes signifiant « joie » et « amertume ».

Le Japon est un pays qui n’a pas de tradition du bijou. Longtemps le kimono, le obi et les ornements de cheveux ont formé l’unique parure. Ce qui explique l’implantation relativement récente des joailliers en général et de Cartier. La première boutique a ouvert en 1991 et celle de Ginza en 2003, à une époque où le consommateur commence à apprécier les produits internationaux et les modes occidentales.

Articles les plus lus

Marie Lichtenberg, une stratégie inattendue face à la contrefaçon

Les premières copies du « Locket » en émail sont apparues à peine un mois et demi après le lancement qui, lui, a eu lieu la veille du lockdown....

Les ateliers de joaillerie, des nouvelles mines d’or

Débordés et pressurisés, les ateliers de fabrication ne peuvent plus suivre et deviennent la cible de rachats de leurs commanditaires recherchant...

Ce qu'il faut savoir avant d'acheter un bijou René Boivin

La découverte du fond extraordinaire d’archives de la maison René Boivin permet désormais l’élaboration d’un certificat d’authenticité qui...

Faire expertiser son bijou ancien ou vintage : pourquoi et par qui ? 

L’expertise des bijoux de seconde main prend une ampleur inédite. Un phénomène qui existe depuis longtemps en horlogerie…

Ce qu’il faut savoir sur Castafiore

Lancée l’année dernière par deux insiders du monde du bijou, Castafiore s’affirme comme la plateforme de référence sur le marché du bijou de...

Thomas Torroni-Levene et les archives de René Boivin

Les archives René Boivin ont connu bien des péripéties depuis 1985. Par miracle, elles sont restées intactes !