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09 novembre 2024

Se plonger dans le livre « Diamants de Golconde » de Capucine Juncker

Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce livre est le premier qui soit entièrement dédié aux diamants de Golconde ; jusqu’à présent, ils ne figuraient que dans des ouvrages généraux. Échanges avec Capucine Juncker l’auteur dont j’ai justement fait la connaissance, il y 10 ans, lors d’un voyage à Golconde.

 

 

Sandrine Merle. Le titre « Diamants de Golconde » sous-entend une région et non pas la ville ? 

Capucine Juncker. Golconde a d’abord été un fort, puis une capitale et par extension, le nom de l’un des cinq sultanats du Deccan. Ces diamants mythiques sont exploités entre l’Antiquité et le XVIIIe siècle, dans des mines alluvionnaires situées dans toute la région du Deccan. Elles étaient réparties sur de vastes étendues entre les fleuves Godavari, Krishna et Penner et on n’est loin de les avoir toutes répertoriées. Golconde était surtout le grand centre de négoce.

 

S.M. Quelles ont été tes sources ?

Capucine Juncker. J’ai principalement étudié des sources françaises qui sont particulièrement riches. On parle souvent des écrits de Jean-Baptiste Tavernier, le marchand attitré de Louis XIV, mais il n’a pas été le premier à décrire les mines de Golconde contrairement à ce qu’il veut laisser croire. En effet, l’empereur Moghol Akbar dès 1580 fait venir des Jésuites à sa cour. Et cette tradition de recevoir des Européens (prêtres, enseignants et médecins…) se poursuivit avec ses successeurs Jagangir et Shah Jahan. J’ai aussi passé beaucoup de temps à chercher des diamants montés en bijoux sur les miniatures mogholes mais, avant Jahangir, ils ne figurent que sur des objets d’art : régalia, chasse-mouche, porte-plume, marchepied.

 

S.M. Dans ces mines, on a découvert des spécimens considérés comme les plus beaux et les plus extraordinaires ?

Capucine Juncker. Golconde est la seule mine à produire des diamants de type IIa (et ce, jusqu’à 1725, date à laquelle on en découvre également au Brésil), autrement dit, de type chimique le plus pur, d’une transparence optique exceptionnelle. Mais je dirais surtout qu’ils véhiculent l’imaginaire le plus riche. L’Orlov, le Sancy, Le Hope, L’œil de l’Idole, L’Hortensia … les plus exceptionnels ont été baptisés. Leur parcours est connu grâce aux noms des propriétaires, souvent de grandes figures historiques qui se sont succédé́ depuis le XVIIIe siècle. Certains ont connu des destins rocambolesques. Prenons un seul exemple, le Régent, le plus gros et le plus exceptionnel à mon sens :découvert par un esclave à la fin du XVIIe siècle, il a été dérobé, caché, acheté par le musée du Louvre.

 

S.M. Dans ce livre, tu t’attaches à montrer comment ces merveilles sont arrivées jusqu’à nous ?

Capucine Juncker. Les Moghols, des guerriers nomades qui viennent d’Asie centrale, ont par tradition le goût des spinelles. Quand ils débarquent en Inde en 1526, ils commencent par apprécier la perle, ils vont aussi chérir l’émeraude de Colombie qui a la couleur de l’Islam ; ils la gravent de versets calligraphiques, de décors floraux. Et ils vont aussi apprendre à aimer les diamants, pierre fétiche des Hindous depuis l’Antiquité. Il devient le symbole du pouvoir royal et très peu sortent du pays. Un tournant a lieu quand la reine Victoria est proclamée impératrice des Indes en 1876 : ces pierres se mettent alors à circuler en plus grand nombre dans les cours européennes. Puis le négoce, via les maisons de vente aux enchères, s’empare de ces pierres qui passent alors aux mains des riches héritières et des joailliers américains comme Tiffany & Co., Harry Winston, etc. Si ces diamants n’avaient pas été associés au pouvoir, les Européens ne s’y seraient probablement pas autant intéressés.

 

« Diamants de Golconde » aux Éditions Skira, 2024

 

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