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14 novembre 2018
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L’exposition « The Body Transformed » au Met
Dans l’exposition « The Body Transformed » du Met, six conservateurs ont réuni 230 bijoux et objets habituellement répartis aux 4 coins de cet immense musée. L’exercice a consisté à les présenter de manière judicieuse.
Par Sandrine Merle.
Le parti pris n’est pas chronologique mais, organisé autour de thèmes : « Le Corps Paré », « Le Corps Divin », « Le Corps Resplendissant », etc. « Cette relation du bijou au corps n’est pas seulement matérialisé par des bijoux mais aussi des peintures, sculptures, photographies venant des 17 départements du musée : Armes et armures, Peinture européenne, Arts asiatiques, Antiquités égyptiennes, etc. », explique Mélanie Holcomb conservateur du département Art médiéval, en charge du catalogue.
« The Body Transformed », confrontations et juxtapositions
L’intérêt principal de « The Body Transformed » réside dans la confrontation de bijoux éloignés dans le temps et l’espace. Une série de broches du 13e et du 20e siècle met en évidence l’universalité du rond. La perruque en cheveux d’une princesse antique mise en regard d’un bonnet chinois de la dynastie Ming et d’un diadème indien révèle différentes fonctionnalités de l’ornement de tête. Le Met n’étant pas dédié à la joaillerie, le parcours n’est pas exhaustif et comporte des manques en terme de période (comme le Moyen-Âge et la Renaissance) ou de noms (Van Cleef & Arpels).
L’Égypte ancienne dans « The Body Transformed »
Le point fort de l’exposition : les bijoux extraits du département Art Égyptien, l’un des plus beaux au monde. « Pour la première fois, nous avons agencé les ornements funéraires de la tête au pieds, sur un corps imaginaire », explique Diana Craig Patch en charge de ce département. Aux rangs de perles, succèdent plastron, pendentif-scarabée, ceinture et sandales assorties de cache-orteils en or, couleur de la chair des dieux. Dans les vitrines adjacentes, trônent un diadème orné de têtes de daim et de roses, un plastron formé par des rangées de perles en faïence multicolores et le pectoral de la princesse Senebtisi composé de 372 petits éléments en pierres précieuses et de têtes de faucon en or. À couper le souffle.
L’Afrique et l’Océanie
Papouasie Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Côte d’Ivoire… Les pièces d’Afrique et d’Océanie sont les plus nombreuses dans cette exposition. Ce qui frappe est la modernité des formes. Les pendentifs parfaitement ronds en coquillage rehaussés de motifs totémiques en écaille de tortue. La paire de manchettes du Bénin du 17e siècle en laiton doré, formées par une interminable spirale se terminant par une tête de crocodile. Les matières, elles, sont d’une poésie folle : plumes, bois, ivoire de morse, écaille.
Les grands noms français, des absents
Il y a Lucien Falize avec le bracelet à message en émail et Georges Fouquet avec la broche en jade figurant un masque chinois. La majorité des pièces datent de la période Art nouveau. Deux sont signées Lucien Gaillard et Boucheron avec une broche-libellule au corps gracile et aux ailes délicates en émail plique-à-jour. L’exposition fait la part belle à René Lalique avec un magnifique collier en opales et en améthystes, des broches et une paire de lunettes d’opéra. Quant autres grands joailliers français, seul Cartier est là avec un sautoir en perles prêté par le Smithsonian, seul objet qui ne fait pas partie des collections du Met.
Les Américains à découvrir dans « The Body Transformed »
L’exposition présente plusieurs bijoux Tiffany&Co, LE joaillier américain, dont la magnifique broche-orchidée en émail, référence absolue dans la représentation naturaliste de cette fleur. Non loin de lui, le collier en camaïeu de pierres de lune et de saphirs. Alexandre Calder est là tout comme l’Afro-Américain Art Smith et des contemporains : Sam Kramer ou encore Daniel Brush avec son torque en aluminium ciselé et serti de diamants. En revanche, déception pour les fans du style native american : aucune pièce des tribus Navajo et Hopi. J’aurais adoré y voir Charles Loloma… Avis aux donateurs.
« The Body Transformed » jusqu’au 24 février 2019
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