Style
08 décembre 2020
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Karuna Balloo, horticultrice textile
Ma première rencontre avec Karuna Balloo date de 2012. Et je suis toujours sous le charme de ses grandes fleurs graphiques en tissu à porter ou à accrocher sur le mur, en tableau.
Par Sandrine Merle.
Karuna Balloo réalise des fleurs qui défient les lois de l’éphémère. Éclatantes, les associations de rouge et de rose claquent. Infiniment poétiques, lescorrespondances poudrées se déclinent en mauve, rose, ivoire, gris nuage. Son tissu de prédilection : l’organza de soie vintage qu’elle chine inlassablement dans les boutiques autour du marché Saint-Pierre et dans les vide-greniers. « Craquant et épais, il n’a rien à voir avec celui que l’on fabrique aujourd’hui ! », explique-t-elle. Lors du confinement, elle en a redécouvert des mètres et des mètres accumulés dans les placards de sa famille ! Sa dernière trouvaille : un superbe lamé or vintage de la maison Yves Saint Laurent.
L’influence de l’Inde
Cette idée de fleur en tissu vient du pays où elle est née, l’île Maurice. Une île où se croisent des influences africaine, chinoise, européenne et indienne. Karuna Balloo se souvient de sa grand-mère, de ses tantes et de sa mère aux longues chevelures noires illuminées par des fleurs fraîches, lors des festivités. Son père, son grand-père et son arrière-grand-père étaient, eux, jardiniers. « Très jeune, j’ai pris conscience que les fleurs adoucissent les rapports entre les gens », explique-t-elle. Elle en fait son signe de reconnaissance quand elle constate, dans les soirées parisiennes, le succès provoqué par une jolie fleur dans ses cheveux !
De l’origami textile
Avec ces fleurs, elle revisite l’art ancestral du pliage découvert lors d’un voyage au Japon : le tsumami que l’on peut traduire par « ornementation par acte de pincement » ou encore « travaux minutieux pincés ». Il ne resterait que 5 maîtres de tsumami sur l’archipel nippon… Il faut dire que réalisé dans les règles de l’art, cet origami textile demande une patience folle : dans son atelier parisien, Karuna Balloo découpe pendant des heures des petits carrés de soie qu’elle plisse ensuite à l’aide d’une pince pour former des pétales triangulaires. Assemblés et terminés par de délicats pistils issus d’anciens stocks de modiste, ils forment alors ces fleurs graphiques. Les dernières qu’elle vient de réaliser sont faites à partir du sari transmis par sa grand-mère. Pour garder son parfum…
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