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28 mai 2023

Au 9 rue de la Paix, visiter l’exposition « Dans l’intimité de Vever »

« Dans l’intimité de Vever – Bijoux et Objets d’Art depuis 1821 » : cette exposition chrono-thématique, hors des grandes institutions, est proposée par Camille et Damien Vever représentants de la 7e génération de la famille Vever. On y découvre les hommes de cette dynastie joaillière.

Par Sandrine Merle.

 

 

Camille et Damien Vever qui ont ressuscité la maison, il y tout juste deux ans, retracent son histoire grâce à 60 bijoux et objets d’art. L’exposition couvre les deux siècles de création joaillière de 1821, date de la fondation à Metz, à aujourd’hui en faisant un focus sur l’apogée de la maison au début du XXe siècle. Dans le show-room de Vever transformé pour l’occasion en cabinet de curiosités, les bijoux côtoient des montres, des peintures, des médailles, des camées, des estampes ou encore des livres. Tous ou presque viennent des descendants, des héritiers et de quelques collectionneurs. Une occasion unique de découvrir la face humaine de cette maison.

 

Les premiers de la dynastie Vever

Un bijou de 1860, une broche de deuil en cheveux, renvoie aux débuts quand Ernest (le fils du fondateur Pierre-Paul)  était encore installé à Metz. L’activité était alors majoritairement tournée vers le clergé et l’armée pour lesquels il réalise nombre de bénitiers et de soldats de plomb. L’exposition rappelle que c’est seulement à partir de 1871 qu’Ernest, ici présent grâce à une statue en bronze, développe la joaillerie. En effet il s’établit à Paris (à la suite de l’annexion par la Prusse de l’Alsace Lorraine) et rachète le fond de Beaugrand fournisseur de Napoléon III. Voilà la devanture de Vever au 19 rue de la Paix sur une photo originale. Une autre broche date de la période Art déco. Hormis ces deux pièces, toutes renvoient au courant Art nouveau. La maison Vever est alors à son apogée.

 

Henri Vever et l’Art nouveau

À cette époque, Henri Vever (personnage central) est, avec son frère Paul, aux commandes. La maison est alors plus connue que Cartier ! On découvre son excellence en matière de design et de technicité avec des peignes, des pendentifs et des broches aux lignes sinueuses en émail, en ivoire représentant des œillets, des hirondelles, des femmes libellules, ailées ou hybridées avec un tournesol. Parallèlement, Henri Vever continuait à créer des bijoux en diamants comme la barrette offerte à Camille Vever par sa grand-mère, pour ses 16 ans ; le bijou qui a déclenché son désir de relancer la maison. Il est surprenant de découvrir une parure marguerite en émail signée René Lalique créé pour la fille de Henri Vever, au prénom éponyme. « René Lalique fut apprenti chez Vever puis dessinateur. Henri reconnaissait son immense talent tout en notant le manque de portabilité de ses bijoux. Il y avait certainement un peu d’envie… », explique sa descendante.

 

Henri Vever, joaillier de l’Art nouveau

 

Mais qui était vraiment Henri Vever ?

Objets et œuvres d’art témoignent de la personnalité de Henri Vever. On le découvre peintre formé par Gérôme, bibliophile, amateur d’art islamique, voyageur infatigable qui fit notamment un long périple (reconstitué sur une carte) pour se rendre à Moscou. Il est l’auteur d’articles sur le bijou et de l’ouvrage de référence en 3 tomes « La Bijouterie Française du XIXe siècle ». Ses exemplaires personnels, ceux qu’il a tenu entre ses mains, sont exposés. Collectionneur compulsif et de haut niveau, il a rassemblé des ensembles fabuleux de peintures impressionnistes, de glyptique, de miniatures persanes, de pièces de monnaie ou encore d’objets japonais. Pour donner une idée de l’ampleur de ses collections, Camille a réuni tsubas (gardes de sabre japonais), statuettes en ivoire, catalogue de la vente de sa collection impressionniste ou encore le livre d’heures à la couverture émaillée par Étienne Tourrrette. Un objet digne d’entrer au musée.

 

« Dans l’intimité de Vever » met finalement en perspective le pendentif « Impératrice » et la bague « Ginko » avec ces 60 pièces. De quoi réaffirmer leur filiation prestigieuse.

Vever, le renouveau de l’Art nouveau ? 

 

« Dans l’intimité de Vever – Bijoux et Objets d’Art depuis 1821 » du 1er juin au 7 juillet 2023 (prolongation jusqu’au 12 août) – 9 rue de la Paix, Paris

Visite gratuite, sur réservation, du mardi au samedi, de 12h à 19h

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