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23 mars 2017

L’Inde seventies

L’influence indienne s’impose dans les années 1970, adeptes de voyages exotiques.

 

Après l’indépendance, les joailliers occidentaux de Van Cleef & Arpels à Harry Winston en passant par Garrard, Bulgari et Cartier se bousculent en Inde pour racheter les pierres et les bijoux des maharadjas. Mission rocambolesque car ces derniers, très superstitieux, s’en réfèrent à la position des planètes pour se décider à les vendre. Il leur faut parfois s’obstiner des mois avant de finaliser une vente… De plus, dans une Inde devenue indépendante, ce commerce est illégal car les bijoux sont considérés comme des trésors nationaux.

 

Pierres royales

L’Américaine Florence Jay Gould acquiert la « Reine Bleue », un saphir ovale de 114 carats monté en collier par Van Cleef & Arpels, l’un des plus grands acheteurs sur le marché royal indien. La princesse Salimah Aga Khan lui achète un collier de 44 émeraudes côtelées sans doute autrefois enfilées sur un bijou de parade. Elles découvrent les clusters d’Harry Winston, bouquets et grappes de diamants réalisés par Shinde, son nouveau dessinateur indien rencontré à Bombay. Ce dernier fait la synthèse parfaite entre les deux styles, diamétralement opposés.

 

Joaillerie hippie chic

Les clientes, élégantes richissimes de New York, Paris et Londres adoptent des bijoux évoquant l’Inde. En pantalons pattes d’eph, tuniques et caftans d’Yves Saint Laurent, elles portent un ou plusieurs sautoirs, ce collier descendant jusqu’au nombril, directement inspirés par ceux des maharadjas. Elles positionnent leurs bracelets souvent en forme de serpent en haut du bras, comme le faisaient les princes indiens avec le bazuband.

 

L’Inde en Italie

C’est la mode des combinaisons de couleurs tonitruantes, de malachite, de corail et de turquoise. Le plus réputé est l’Italien Bulgari qui à cette époque, abandonne les mélanges très sages de saphirs-diamants-émeraudes-rubis pour initier son style directement issu de l’esthétique indienne. Il monte des pierres polies en cabochons dans des combinaisons hardies de couleurs sur des montures arrondies et lisses. Photographiée dans Vogue, le célèbre mannequin Veruschka, coiffée d’un turban multicolore, porte l’un des sautoirs orné d’une incroyable émeraude gravée provenant probablement d’un trésor de maharadja.

 

Dans la rue

Loin des bijoux somptueux de princes, les hippies des années 1970 se tournent vers ceux des femmes du Gujarat ou du Rajasthan. En longue jupe à volants et T-shirt frappé d’un slogan pacifiste, les filles de 20 ans fouillent dans les boutiques des Puces et de Carnaby Street remplies de bimbeloterie importée, vraie ou fausse. Sur la musique de Jimi Hendrix, elles dansent coiffées de headbands en cuir et parées de créoles en argent ornées de petits grelots tintinnabulants, de pendentifs-fleurs en coquillages ou de sautoirs en perles de verre de toutes les couleurs. À tous les doigts, de grosses bagues.

Une tendance peace and love balayée bientôt par la pop glamour des années 1980.

 

Dessins : Boucheron

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