Itinéraires joailliers
02 juillet 2024
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10 échantillons à ne pas manquer au musée de Minéralogie de l’École des Mines
Ce charmant musée a été créé à la fin du XVIIIe siècle par les scientifiques de l’École des Mines. Aujourd’hui, il fait aussi le bonheur des esthètes et des passionnés de joaillerie. 10 cristaux bruts pour en témoigner.
Par Sandrine Merle.
1/ Le diamant dans sa gangue de kimberlite
Cet échantillon, l’un des plus précieux est un diamant légèrement jaunâtre de forme octaédrique quasi parfaite. Autre caractéristique intéressante aux yeux du minéralogiste : il est prisonnier de sa gangue de kimberlite, roche volcanique lui ayant permis de remonter à la surface de la Terre. « Il a été trouvé à la Mine Premier, entre 1871 et 1914, quand l’exploitation se faisait encore à la pioche. Aujourd’hui, l’utilisation d’explosif ne permet plus d’en extraire de semblables », explique Éloïse Gaillou directrice du musée. La kimberlite étant très friable, l’échantillon ne sort jamais de sa vitrine.
2/ L’opale
Ces notules d’opales de différentes couleurs feraient de magnifiques bijoux ! Mais pas touche à ce bel échantillon évoquant un visage. « Au Mexique, lors de l’irruption des volcans, la lave siliceuse a formé des cendres projetées dans l’atmosphère. En retombant sur terre, elles se sont agglomérées en rhyolite pleine de bulles de gaz : l’eau s’y est immiscée puis, en s’évaporant, elle a précipité l’opale. La fragilité de cette dernière a été si redoutée par les lapidaires que pendant longtemps, ils l’ont accusée de porter malheur… Le moins ils en taillaient, le mieux c’était !
3/ La rhodochrosite
Cet individu a une immense valeur marchande pour le scientifique. Il présente une cristallisation rhomboédrique parfaite, un sublime rouge (typique d’Afrique du Sud) rarissime en minéralogie. En revanche, le joaillier l’utilise peu, voire pas du tout faute de quantité. Elle s’avère aussi très fragile. Il arrive que les horlogers, eux, recourent à celle du Mexique, pierreuse, pour les cadrans.
4/ La kunzite
Kunzite et lithium sont intimement liés. Cette gemme est en effet la variété rose du spodumène qui contient (comme les eaux de saumure ou la lépidolite) cet élément chimique indispensable à la fabrication de nos batteries électriques. A ce jour, la kunzite reste peu utilisée en joaillerie.
5/ La pyrite
Ce cristal brut de pyrite, beauté métallique, véritable œuvre d’art, empilement parfait de formes dérivées du cube. On a du mal à croire que la Terre peut engendrer de telles merveilles… Pour autant, les joailliers ne l’utilisent jamais : elle se dégrade facilement et en se dégradant, dégage de l’acide sulfurique. Rien de bon pour celui qui la porte !
6/ La calcite
Parfaitement cristallisée, cette calcite taillée est rare. Avec son infinie variété de formes et de couleurs, elle s’avère l’une des pierres préférées des minéralogistes. Elle dédouble le rayon lumineux, ses feux surpassent ceux du diamant. Extrêmement fragile, « celle-ci a requis un lapidaire qui ne taille que les pierres qui ne peuvent pas l’être », plaisante Éloïse Gaillou.
7/ L’or
Qui dit or, dit pépite. Le minéralogiste, lui, préfère l’or en cristaux aux formes géométriques, avant qu’ils n’aient été adoucis par l’eau des rivières. Sublime, l’un des échantillons montre également de l’or cristallisé entre les grains de quartz de la roche.
8/ La météorite Canyon Diablo
Cette météorite est l’un des rares échantillons du musée que vous pouvez toucher. Ses 226,80 kg (composé de fer et de nickel) sont le cœur d’une ancienne planète formée au début du système solaire, il a 4,56 milliards d’années… Tombé sur la terre il y a environ 50.000 ans, on ne l’a découvert que dans les années 1890. Une tranche permet de voir, à l’intérieur, des microdiamants : du graphite transformé sous la violence de l’impact qui a dégagé une énergie équivalente à 1 700 kilotonnes de TNT, soit 133 bombes d’Hiroshima. Rares sont les créateurs (dont Thierry Vendome) à sublimer ce minéral en bijou.
9/ La Brazilianite
Ce minéral bien cristallisé, translucide, variant du vert olive au vert chartreuse a été découvert au Brésil en 1942. D’abord confondu avec le chrysobéryl, il a ensuite été identifié comme un nouveau phosphate. Le musée possède deux beaux exemplaires dont celui-ci. Relativement tendre, il ne se prête pas aux créations joaillières.
10/ Les améthystes de Marie-Louise
Parmi les rares pierres taillées et facettées exposées dans ce musée, ces améthystes proviennent d’une parure (qui en comptait 235) confectionnée par Nitot pour l’Impératrice Marie-Louise. Elles ont été données à l’École des Mines lors de la vente des Joyaux de la Couronne en 1887. A leurs côtés, on peut admirer le dessin d’un des bijoux de cette parure (le diadème) retrouvé par Chaumet (anciennement Nitot) dans ses archives.
En partenariat avec L’École des Arts Joailliers dans le cadre du projet « Les Lieux du bijou »
Pour en savoir plus, lire La beauté à l’état brut au musée de Minéralogie de l’École des Mines Paris – PSL
Et visitez la collection du musée à L’École Asia Pacific – Exposition « Journey with Minerals » à Hong Kong au 20 Juillet 2024 au 31 Octobre 2024
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