Itinéraires joailliers
17 avril 2023
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6 raisons d’aller au musée Amrapali à Jaipur
Lors de mon dernier passage à Jaipur, j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce musée. Il abrite une collection privée exceptionnelle et c’est le seul au monde qui soit dédié aux bijoux indiens.
Par Sandrine Merle.
1/ Un musée unique au monde
Étonnamment, malgré la tradition millénaire du bijou en Inde, il est le seul musée dans le monde à lui être complètement consacré. Il a été ouvert en 2011 par Rajiv Arora et Rajesh Ajmera, les fondateurs de la marque Amrapali (basée à Jaipur) dont les bijoux s’inspirent des pièces traditionnelles. Pendant 40 années, le duo a sillonné le pays, du Tamil Nadu au Gujarat en passant par l’Assam et le Kerala, pour constituer une collection de 4 000 pièces. Sur deux étages, ils en exposent 850 principalement du XIXe et du XXe siècle : les bijoux antérieurs ont été démontés et fondus pour en recréer d’autres.
2/ Initiation à la complexité du langage symbolique
Au rez-de-chaussée, les bijoux font la lumière sur les rites de passages. Cette visite est l’occasion (de tenter) de comprendre les symboles : en contact avec les chakras, les points de pulsation, les bijoux sont censés améliorer un état d’équilibre et d’harmonie dans le corps et l’esprit. Les hommages aux divinités se mêlent aux vertus prophylactiques qui varient en fonction des communautés. Comme dans le jadai nagam littéralement « serpent capillaire », où tout est métaphore : fixé sur la natte (évoquant la confluence des trois cours d’eau indiens qui renvoie à la Trinité hindoue), ce bijou figure un cobra. Cobra qui favorise, lui, la fécondité et représente la sensualité.
3/ Panorama sur l’infini répertoire de formes
Au sous-sol, les accumulations de bijoux présentent un éventail incroyable d’ornements car en Inde le corps est paré de la tête aux pieds. En plus des colliers, le front est décoré d’un borla et la natte, d’un jadai nagam (dont le musée possède deux magnifiques spécimens). Les anneaux qui décorent le nez équivalent à des alliances de mariage en Occident. Les oreilles sont surchargées de kathila, de thandatti (feuille d’or façonnée en volumes géométriques), de bugadi ou koppu (placées sur le haut de l’oreille) ou encore de nath (avec une chaîne rejoignant la tête) qui allongent le lobe. La taille est ceinte de chaînes que l’on retrouve également aux chevilles. Les orteils sont pourvus d’anneaux.
4/ Un hommage aux ornements « modestes »
Cette collection est aux antipodes de la collection Al Thani axée sur les pièces exceptionnelles créées pour les maharadjas. Elle met en lumière les bijoux tribaux portés au quotidien ou lors de festivités. Les bijoux représentent une épargne et une assurance pour la femme : même pauvre, elle est parée de cascades de colliers, de chaînes de cheville et de boucles d’oreille qu’elle vendra en cas de besoin. Le focus sur ces bijoux « modestes » explique en partie la prédominance de l’argent (évoquant la lune) moins onéreux. L’argent est aussi considéré comme rafraîchissant dans certaines régions chaudes et arides tel que le Rajasthan. L’or pur associé au soleil, devient brûlant.
Voyage autour de la collection Al Thani
Bijoux indiens au Victoria & Albert Museum
5/ Éclairage sur des savoir-faire sans limite
Qu’ils soient d’or ou d’argent, quotidiens ou faits pour le mariage, ces bijoux témoignent de savoir-faire extraordinaires encore pratiqués par 3 millions d’orfèvres dans le pays. Ces derniers excellent dans le travail de ciselure, de martelage, de repoussé, d’estampage réunis notamment sur la couronne de marié. Pas un millimètre carré qui ne soit ouvragé. L’émail est présent partout y compris à l’arrière des bijoux. Et pour retenir les pierres, les artisans n’utilisent pas des griffes comme en Occident mais façonnent au marteau un serti kundan à partir de feuilles d’or préalablement chauffé.
6/ Une porte d’entrée pour l’Inde
Pour les amateurs de bijoux voyageant en Inde, ce musée constitue le point de départ idéal pour comprendre toutes les facettes de la parure. Il est situé à Jaipur, épicentre de la joaillerie où des milliers et des milliers de personnes sont impliqués dans la fabrication, l’émaillage, la taille des pierres de couleur ou encore le négoce. Alors en sortant du musée, poursuivez donc cette exploration joaillière : ne manquez pas les boutiques comme celles du Gem Palace ou baladez-vous dans le Johari bazaar, quartier ultra animé des bijoutiers.