Style
08 décembre 2022
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TFJP x Comité Colbert : déc’or palaces
TFJP et le Comité Colbert explorent l’or dans les palaces. Quand ils ont ouvert, à la fin du XIXe siècle, ces hôtels luxueux décorés dans des styles Louis XVI, Empire et Napoléon III, étincelaient. Après transformations et rénovations, qu’en est-il aujourd’hui ?
Par Sandrine Merle.
Pour tout l’or du Ritz
Direction le Ritz attaché à respecter l’esprit donné par son fondateur en 1919, un mélange de styles allant du XVIIe à l’Empire. « Il y a même plus d’or qu’à l’origine, explique le directeur technique Philippe Vareille. C’est aujourd’hui le cas de l’ensemble de la robinetterie alors qu’avant seules les suites Prestige en bénéficiaient. » Dans la suite Impériale, c’est Versailles avec l’extraordinaire pied de lit Louis XIV recouvert de feuilles d’or. Ah que seraient ces hôtels de luxe sans ces petits carrés de 80×80 épais d’à peine 0,1 micron ! À la réouverture en 2016, le Ritz en avait déjà utilisé 350 000, soit 6 kg. « Les clients seraient déçus de ne pas retrouver l’or car il est indissociable de l’architecture Napoléon III », poursuit Philippe Vareille. César Ritz ne serait pas dépaysé !
L’hôtel du Palais, un palace en or
Les propriétaires de l’hôtel du Palais (la ville de Biarritz, JC Decaux et la Caisse des Dépôts), résidence impériale construite en 1855 par Napoléon III et Eugénie, sont dans le même état d’esprit. Tout juste sorti de sa dernière rénovation, le lieu a conservé le même panache avec une profusion d’or décliné en initiales NE, en palmettes, en aigles, en lettres sur les menus, en tissus, en copaux sur les desserts, etc. Avis aux amateurs : le restaurant La Rotonde reste l’endroit le plus étincelant. « L’or est irremplaçable pour créer une ambiance chaleureuse et apaisante, une lumière du crépuscule ou celle de l’aube. On a l’impression d’un éclairage à la bougie », explique Lyonel Barraquet peintre-décorateur intégré à l’hôtel du Palais.
TFJP x Comité Colbert, l’or dans les arts de la table
Tout ce qui brille n’est pas d’or…
Les dorures ne sont pas toutes réalisées grâce de minces feuilles de métal précieux. Il peut s’agir d’un simple laiton comme sur les serrures, les poignées de porte ou encore les visseries mais aussi les garnitures des meubles ou les rampes d’escalier. Beaucoup moins cher (par sa valeur intrinsèque et le nombre d’heure que nécessite sa pose), cet alliage de bronze et de zinc est aussi facile à usiner et à entretenir : un simple polissage suffit à faire rejaillir son éclat. « Difficile de voir la différence à l’œil nu mais on la ressent : c’est comme un café et un substitut de café », estime Lyonel Barraquet. Le laiton peut aussi être recouvert d’une infime couche d’or par électrolyse comme ces fameux robinets en forme de cygne du Ritz.
TFJP x Comité Colbert, savoir-faire et métiers de l’or en joaillerie
L’or avec parcimonie
Aujourd’hui dans les palaces, l’usage de l’or jaune tend à diminuer… Au Bristol, la position est radicale : il ne reste ici et là qu’une plaque, un cadre, une frise sur la moquette, une encoignure de meuble. Malgré leur réputation fondée sur un glorieux passé (et un propriétaire moyen-oriental), le Meurice et le Plaza Athénée l’ont quasiment supprimé. À une exception près : le restaurant de Jean Imbert dont les sublimes panneaux et le plafond ont été dorés à l’or fin par la maison Meriguet. « À une époque, on en a probablement abusé faute d’autres matériaux mais il en existe maintenant de très beaux, plus fonctionnels et moins onéreux », explique-t-on au Meurice. Partout priorité à un classicisme XVIIIe siècle hybridé avec du bois, du Corian blanc, des camaïeux très doux à base de blancs, de gris, de bleus, etc. Même le Ritz, pour la suite Coco Chanel, a opté pour un or plus discret, plus blanc nommé moon gold. Quant aux palaces de montagne, ils font, eux, l’impasse.
Et si demain il ne devait rester qu’un seul élément dans les palaces ? Cela serait probablement les emblématiques clés d’or qu’arborent les concierges les plus aguerris, sur le revers de leur uniforme.
*Le Comité Colbert est une association loi 1901 qui réunit plus de 100 membres représentant le luxe français. Sa mission est de « promouvoir passionnément, transmettre patiemment, développer durablement les savoir-faire et la création française pour insuffler du rêve ».