Style

17 juillet 2022

Ce qu’il faut retenir de la Jewelry Week – Paris, Juillet 2022

Début juillet, les collections présentées lors de la Jewelry Week 2022 à Paris ont réservé de bons moment et révélé des tendances fortes. Les voici.

Par Sandrine Merle.

 

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : Cartier, sublime comme toujours

Cartier reste Cartier. À chaque Jewelry Week, la présentation est un moment unique, hors du temps. Celle-ci, comme d’habitude, n’adopte aucune thématique particulière : elle balaie la faune, la flore, l’abstraction… On est comme toujours ébloui par la perfection des pièces, la technicité poussée à l’extrême, l’équilibre parfait, l’ergonomie et la fluidité, l’élégance hors mode. Les pierres sont à l’avenant. On découvre un cristal de roche incrusté d’onyx pour figurer le pelage de la panthère, l’appairage de trois magnifiques émeraudes sur le collier « Iwana », etc. Mais ce sont les diamants verts (encore plus rares que les bleus ou les roses) qui ont créé le buzz : l’un taille Asscher (carré) de 1,25 carat est monté en solitaire, l’autre de 1,31 carats en Toi&Moi avec un diamant bleu. Époustouflants.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : les matériaux alternatifs de Boucheron

Pour la collection de haute joaillerie de juillet, Claire Choisne a toujours carte blanche. Une nouvelle fois, elle explore des matériaux atypiques généralement plus prisés par les créateurs avant-gardistes que par les joailliers de la place Vendôme : le rotin, le galet, le bois ou encore le coquillage. Mes pièces préférées : les boucles d’oreilles constituées d’un appairage de coquillages dont les lignes sont prolongées par de l’or et des diamants, la sublime broche faite d’un face-à-face entre deux coquillages coniques rappelant le motif « Jack » de la maison et la broche fleur, spectaculaire, aux pétales de palissandre.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : De Beers, la fin du 100% diamant

Il était assez logique que De Beers n’utilise que du diamant : rappelons que la marque a été lancée par le producteur de diamants éponyme en 2001 (en joint-venture avec LVMH). Aujourd’hui majoritairement la propriété du groupe Anglo American, la marque s’émancipe : pour la première fois, elle utilise d’autres pierres précieuses. La chrysoprase verte vient, sur un collier, ponctuer les pointes de la cote de maille. Le cristal de roche d’une transparence évoquant celle du diamant, ouvre la voie à de nouveaux jeux d’ombre et de lumière.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : l’or de Mené

Quelle merveilleuse présentation que celle de Mené… Une longue table en miroir dans lequel se reflétaient l’or pur des chaînes, du jeu d’échecs, des pendentifs dont l’Araignée de Louise Bourgeois… La présence du lingot d’or, des balances et des poids traduisait l’idée forte de la marque (dont le nom signifie unité de compte en araméen) lancée par Roy Sebag et Diana Picasso en 2018 : réconcilier la valeur intrinsèque du métal jaune et sa valeur esthétique dans un bijou comme objet d’investissement.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : hommages au cardinal Mazarin

Deux nouvelles marques ont choisi de se référer au cardinal Mazarin, grand collectionneur de diamants et parrain de Louis XIV, à qui il a légué 18 spécimens dont le Régent (exposé dans la galerie d’Apollon au Louvre). La première, baptisée simplement Mazarin, propose des créations inspirées par des éléphants avec des diamants de laboratoire. La seconde, Maison Mazarea (phonétiquement proche de Mazarin) définit sa marque comme de la « haute diamanterie » : en clair, il s’agit d’un diamantaire permettant à des créateurs d’accéder aux plus belles pierres grâce à des prêts. On se demande ce que penserait Mazarin de tout cela…

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : Buccellati, un corner vintage dans chaque boutique

Buccellati ouvre un espace dédié aux bijoux vintage (de plus de 20 ans d’âge) dans chacune de ses boutiques dans le monde. Autrement dit, des pièces créées par les trois générations de la famille : Mario, son fils Gianmaria (décédé en 2015) et son petit-fils Andréa. Une fois encore, on s’émerveille de la permanence du style raffiné de cette maison italienne (aujourd’hui propriété de Richemont) avec ses ors texturés, brossés, satinés, ciselés.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : le brut, source d’inspiration…

La magie de la pierre originelle, telle qu’elle s’est formée il y a des milliards d’année dans les entrailles de la Terre… Chez Hermès, Pierre Hardy explique qu’il est parti de l’expérience faite chez un lapidaire qui lui montrait des pierres brutes « en les éclairant, des formes se sont dessinées autour de chacune d’elles. » Formes irrégulières et abstraites transposées en bagues : le brut d’améthyste est posé sur une ombre portée en or pavées de la même pierre. Van Cleef & Arpels et Messika ont, eux, créé une collection à partir d’un ensemble de 67 et 15 pierres taillées dans des pierres brutes de 910 et 110 carats. Spectaculaires réalisations qui confirment une tendance amorcée en 2019 par Graff.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : « Shocking » au Musée des Arts Décoratifs

Les amateurs du style surréaliste d’Elsa Schiaparelli apprécieront les sublimissimes broderies réalisées avec des fils d’or par Lesage sur les capes du soir, ses bijoux créés par des artistes : le bracelet de Giacometti, le collier Aspirine d’Elsa Triolet, les très nombreux clips Main, Chérubin ou encore Méduse de Jean Schlumberger. Les adeptes du designer actuel, Daniel Roseberry, seront, eux aussi, comblés par les très nombreuses créations présentées y compris la robe à la broche oiseau doré, portée par Lady Gaga lors de l’investiture de Joe Biden. À ne pas manquer : la longue vitrine dédiée aux boucles d’oreilles figurant œil, oreilles, etc.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : la montée en puissance du co-branding

L’univers feutré de la joaillerie a toujours été très secret, ateliers et marchands de pierres œuvrant traditionnellement dans l’ombre des maisons. Cette époque semble révolue ! Pour sa dernière collection réalisée à partir d’un brut de 910 carats transformé en 67 pierres, Van Cleef & Arpels cite volontiers son diamantaire, Taché et met en avant Diamcad, son atelier anversois de taille. De son côté, la créatrice Anna Hu mentionne en toutes lettres sur ses cartels « Anna Hu x Moussaïeff », marchand référent absolu en matière de diamants de couleur. La joaillerie a compris qu’on est toujours plus fort à plusieurs, elle entre dans l’ère du co-branding.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : la bague du XXIIe siècle

Unsaid : fondée à Anvers par des Indiens, celle nouvelle marque de bijoux en or recyclé et diamants de synthèse a créé le buzz avec la magnifique bague « Réminiscence », masterpiece ultra contemporaine composée de plusieurs sphères de diamants entièrement facettés comme des disco bowls. La plus importante faisant 9,40 carats ! Très désirable, cette bague a fait bondir les défenseurs des savoir-faire : après l’avoir scrutée sur les réseaux sociaux, ils se sont indignés que « de la pierre de laboratoire à la monture en passant par le serti, tout a probablement été fait par des machines indépendamment de la main de l’homme ». La marque Unsaid, elle, est restée très discrète sur les techniques employées.

 

Jewelry Week – Paris, Juillet 2022 : des absents… 

Quelques maisons appartenant à LVMH ont brillé par leur absence à Paris : Louis Vuitton, Tiffany & Co et Christian Dior. Elles ont préféré dévoiler leurs collections lors de voyages. Espérons qu’il ne s’agisse pas du début du déclin de Paris comme épicentre de la joaillerie…

 

Image en bannière : présentation Mené, Paris – Photo Maxence Gautier

 

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