Style
13 juillet 2022
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TFJP x Comité Colbert, l’or dans la couture
Après la gastronomie, TFJP et le Comité Colbert* explorent l’utilisation de l’or dans la couture. Voici trois maisons pour qui ce métal précieux est une valeur suprême.
Par Sandrine Merle.
Les couturiers ont toujours raffolé de l’or, métal jaune qui irradie et accroche la lumière comme aucune autre matière. « Le gold peut être utilisé en détails métalliques ou en broderies formant des frises, des volutes, des feuilles d’acanthe inspirées du XVIIIème siècle, etc. qui deviennent de véritables bijoux soulignant col, poignets, taille », explique la consultante en patrimoine de mode Julia Guillon. Le gold peut aussi être traité en tissu, en lamé, en brocard très à la mode dans les années 1950/1960. Mais on ignore souvent si les robes étaient en or véritable : « certaines descriptions parlent de fils d’or mais également de diamants et d’émeraudes alors qu’il ne s’agit pas de gemmes… Il faudrait les analyser », continue Julia Guillon. L’or peut être show off, servir à frimer ou briller par son esprit raffiné et cultivé. Il est alors empreint de références historiques et spirituelles. Symboliquement, il n’existe pas de couleur plus riche : elle est associée à l’immortalité, aux rois et aux empereurs, ainsi qu’au Christ.
L’or de Balmain
L’or de l’âge classique, celui des palais et des églises, a énormément influencé Pierre Balmain qui a nommé des modèles « Versailles » ou encore « Byzance ». Ils sont destinés aux stars et aux princesses comme celles réalisée pour la reine Sirikit de Thaïlande ou celle pour Edwige Feuillère conservée au Musée des Arts décoratifs (Paris). Dans sa lignée, Olivier Rousteing ne lésine pas sur les ors : en broderies, en tressage de chaînes avec du cuir, en drapés de chaînettes rappelant les fils de passementerie qui, dans les années 20, donnent du mouvement au vêtement. Dans ses derniers défilés, le designer a marqué les esprits avec de nouveaux traitements de l’or inspiré par la résille de l’œuf Fabergé offert par Burton à Elizabeth Taylor, avec de l’or développé à partir d’un maillon de gourmette en taille maxi et porté en top à même la peau et tout récemment avec de l’or en plaques cousues sur une robe de lainage blanche comme une armure. Magistral.
L’or de Jeanne Lanvin
L’or est partout chez Jeanne Lanvin, particulièrement dans les années 20. Son or raffiné et cultivé traduit ses inspirations médiévales et religieuses. « Il lui vient des tableaux de la renaissance italienne comme ceux de Fra Angelico entourés de cadres flamboyants », explique Laure Harivel, directrice du patrimoine. Jeanne Lanvin excelle dans ce travail : robes de baptême et de mariée en lamé or rosé ou légèrement vert, en tulle ou en soie sont couvertes de perles, de cristaux et de broderies, illuminés de fils d’or. Aussi précieuses que des bijoux… « C’est sa façon de mettre en lumière les couleurs sombres et surtout le noir », continue Laure Harivel. Le métal précieux est aussi présent en décoration comme dans les fresques des boiseries doré de son salon. Il caractérise son logo la représentant avec sa fille ou son flacon de parfum « Arpège ». Dans les années 30, plus concentrée sur les volumes et les coupes que sur les décorations, Jeanne Lanvin n’utilise plus cette couleur qu’en empiècements de cuir brodé pour souligner la structure du vêtement.
L’or d’Yves Saint Laurent
« J’aime l’or, c’est une couleur magique ; pour le reflet d’une femme, c’est la couleur du soleil », déclarait Yves Saint Laurent ou encore « Le soir doit briller, sans cela il serait un peu ridicule ». Passionné par les objets d’art et l’orfèvrerie, collectionneur d’objets en or, en argent, en vermeil, en ivoire, le couturier ne cesse d’explorer les correspondances entre les arts. Il a travaillé comme personne l’or tout au long de sa carrière. De sa première collection, il y a 60 ans, à la fermeture de sa maison en 2002, la variété de tissus est infinie : brocard, tulle brodé de sequins, lamé, cuir, etc. L’exposition dans les dorures de la galerie d’Apollon du Louvre en témoigne : quelle beauté que ce velours brodé d’or de la veste « Miroir Brisé » (1978) ! Et cet organza brodé d’or et de cristal de roche de la veste « Hommage à ma maison » ou encore le gazar noir dont les broderies flamboyantes évoquent les tenues des danseuses d’Asie du Sud-Est ! Cette fascination pour l’or et la lumière est aussi à l’honneur dans l’exposition à venir « Gold ». On y découvrira une quarantaine de looks dont la robe des années 60 photographiée par David Bailey pour Vogue. Sublime, elle méritait bien de faire l’affiche.
*Le Comité Colbert est une association loi 1901 qui réunit plus de 100 membres représentant le luxe français. Sa mission est de « promouvoir passionnément, transmettre patiemment, développer durablement les savoir-faire et la création française pour insuffler du rêve ».
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