Style

08 janvier 2020

8 éclairages sur le camée

Folies de passionnés, âges d’or, record, techniques oubliées… Voici quelques fragments de l’histoire millénaire du camée.

 

 

1. Camée record

Lors de la vente de camées et d’intailles chez Christie’s New York, en avril dernier, le Getty museum a acquis 17 lots dont cette calcédoine noire romaine gravée en creux d’un portrait d’Antinoüs, amant de l’empereur romain Hadrien. Avec sa partie manquante imaginée en or par le sculpteur, cette intaille (131–38 avant J.-C.) considérée comme l’une des plus belles, a atteint $2 millions.

 

2. Camées souvenirs

Au XVIIIe siècle, les gentilshommes entreprenaient le Grand Tour, voyage de plusieurs mois en Europe pour parfaire leur culture classique. Comme souvenirs ou comme objets d’étude, ils rapportaient manuscrits, tableaux, sculptures, camées et intailles dont ils remplissaient leurs châteaux. Ils rapportaient également des dactyliothèques, petites boîtes remplies de moulage de ces pierres gravées en verre, en céramique ou encore en plâtre. A chiner aujourd’hui dans les ventes et chez les antiquaires.

 

3. Camées de célébrités

Avant Rihanna (fan de camées), il y eut Simonetta Cattaneo et madame de Pompadour. Sur le tableau de Botticelli, la première porte un camée célèbre de la collection Médicis, le « Sceau de Néron » une cornaline représentant « Apollon et Marsyas ». Sur la toile de François Boucher, la seconde porte un camée à l’antique représentant Louis XV. Madame de Pompadour participa à l’essor de la glyptique, dont elle raffolait, notamment en devenant la protectrice du graveur Jacques Guay. Elle même était très bonne sculptrice.

 

4. Camées gourmands

Catherine la Grande a fait sa première acquisition de gemmes gravées en 1763… En 1790, elle en possédait 10 000 et qualifiait cette passion d’« affaire impériale ». Au point qu’elle commande à la manufacture de porcelaine de Sèvres, pour son favori le prince Grigory Potemkin, un service de 797 pièces. Les scènes sont inspirées par celles de la collection de Louis XVI, gracieusement prêtée par ce dernier. A voir au musée de l’Ermitage ou à s’offrir, en réédition, chez Bernardaud.

 

5. Camées Rubens (diaporama horizontal)

Le peintre Rubens était passionné de camées antiques. « Rubens réunit le savoir des érudits, la capacité financière d’un prince et un jugement d’artiste sur les petits objets antiques d’une inégale perfection », écrivent les auteurs de « Rubens, des camées antiques à la galerie Médicis ». Pour les vingt-quatre œuvres à la gloire de Marie de Médicis, il s’en est librement inspiré car ils constituent un répertoire de thèmes et de motifs. On peut ainsi voir des échos entre « La présentation du portrait » et le camée « Le mariage de Cupidon et Psyché » appartenant à sa collection. Comme dans un jeu des 7 erreurs, amusez-vous à les chercher !

 

6. Camées d’Empire

Sous le règne de Napoléon, toutes les femmes portaient des camées et des intailles en colliers, en ceintures ou en boucles d’oreilles. Souhaitant s’inscrire dans la lignée des grands empereurs associés aux âges d’or de la glyptique, Napoléon en favorisa l’essor. Les femmes de sa famille, elles, en ont lancé la mode comme en témoignent les magnifiques diadèmes de l’impératrice Joséphine en camées coquillages, plus tendres et plus faciles à travailler que les pierres. Sur sœur, Pauline Bonaparte apparaît, elle, en total look camée (diaporama horizontal).

 

7. Camées habillés

Au début des années 2000, Victoire de Castellane directrice artistique de la joaillerie Dior s’intéresse aux pierres gravées. Elle customise d’anciens modèles avec des boucles d’oreilles ou un collier ressuscitant ainsi la technique du camée habillé très en vogue au XIXsiècle.

 

8. Vers un âge d’or contemporain ?

Il existe deux clans chez les créateurs d’avant-garde. Certains intègrent des camées chinés dans leurs compositions comme Anna Porcu, Barbara Paganin et Zoe Arnold. D’autres renouvellent la technique : comme le Japonais Shinji Nakaba (diaporama horizontal) ou l’Allemand Alexander Blank. Ce dernier remplace les profils antiques par des visages de comics et les pierres précieuses par de la mousse noire à haute densité.

 

Image à la une : Pauline Bonaparte et la créatrice Barbara Paganin © Alice Pavesi Fiori

 

Barbara Paganin, Zoe Arnold et Alexander Blank sont présentés à la galerie Mazlo.

 

Articles relatifs à ce sujet :

Kazumi Arikawa, addict aux camées et aux intailles

Rihanna, une version peu classique du camée

Eloge de l’intaille par Marc Auclert

Articles les plus lus

Issey Miyake, les bijoux fleurs de Maiko Takeda

Ces bijoux de Maiko Takeda ont été inspirés par le thème de la collection, « The Beauty of Paper », l’art du papier japonais washi.

Nouvel héritage, l’innovation dans le respect de la tradition

Le bracelet Mood, ultra flexible et doté d’un fermoir-piercing très reconnaissable, a fait en grande partie le succès de la marque implantée aux...

Sculptures faciales, extension du domaine du bijou 

Bijou ? Sculpture ? Masque ? Accessoire de mode ? Portable ou pas portable ? Pour les créateurs, ces questionnements n’ont pas lieu d’être.

5 bijoux d'avant-garde à s'offrir quand on aime le Japon

Réalisés dans des matières non précieuses et ne se référant pas au passé, ces 5 bijoux d’avant-garde constituent un espace où les créateurs...

Ce qu’il faut retenir de la Jewelry Week – Paris, Juin 2024

La CAO (Création assistée par ordinateur) : un sujet encore tabou dans ce secteur associé au travail fait à la main par des artisans héritiers d’une...

Avec Tomohiro Sadakiyo chez Hum, à Tokyo

Le côté japonais de Hum, c’est le travail sur la couleur des métaux et sur les textures.