Style
30 septembre 2020
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Petites folies de grandeur
Marie Genon, créatrice de Irène, a transformé le Grand Palais en bijoux. Du majestueux à l‘infiniment petit, cette jeune femme livre un premier opus joaillier hors-norme jouant avec les rapports d’échelle.
Par Sandrine Merle.
La première collection de Marie Genon est un hommage au Grand Palais construit pour l’Exposition Universelle de 1900. Grâce à la miniaturisation au 1/5000e, elle l’a fait entrer dans l’espace réduit d’une manchette, d’une broche et d’une bague, la pièce maîtresse. Et pour la présentation, elle les a mis en abîme dans une maquette du monument parisien à l’échelle 1/250e.
Pourquoi le Grand Palais ?
Passionnée de miniaturisation, Marie Genon a longtemps réalisé les maquettes au 1/50e des décors des spectaculaires défilés de mode Chanel. Le Grand Palais transformé en hypermarché aux rayons remplis parmi lesquels évoluaient les mannequins poussant un chariot, le Grand Palais abritant la Tour Eiffel ou de gigantesques icebergs importés de Suède et même une fusée lancée vers les étoiles. Sur ses maquettes minutieuses apparaissaient les moindres détails, du paquet de lessive à la fonte de la glace. Le passage aux bijoux (grâce à une formation à la Haute Ecole de la Joaillerie) s’est fait par envie de pérennité et de matériaux inaltérables.
« Infiniment petit, intensément précis »
Ses bijoux représentent le Grand Palais scénarisé comme pour un défilé imaginaire. La manchette sublime la nef et sa charpente avec des croisillons d’or évoquant un échafaudage, ponctués d’émeraudes et d’aigues-marines. La bague (voir la vidéo en bannière), pièce particulièrement complexe, reprend le plan exact avec la verrière en cristal de roche, construite vitre par vitre, qui s’ouvre. De son plateau, jaillissent une végétation luxuriante et des cascades d’eau : sur les profils de la monture, ces dernières se traduisent par des lignes de diamants taille brillant ou de taille marquise. « La différence des tailles exprime la vitesse du débit de l’eau », détaille Marie Genon. Aucun doute sur sa passion pour « l’infiniment petit et l’intensément précis ».
Un niveau impressionnant
« Pour une première, Marie a démontré un niveau impressionnant. Elle savait exactement de quoi elle parlait, du style qu’elle souhaitait dans la lignée de René Lalique, Verdura ou Suzanne Belperron », explique Stanislas Zeller de l’atelier parisien Bermudes. Au préalable, elle lui a fourni des centaines d’études documentées, plans techniques ou encore analyse des matériaux. « C’est très inspirant », note Stanislas Zeller. D’où l’ouverture du champs des possibles et des prouesses techniques comme la coupole sculptée dans un seul cristal de roche gravé à l’envers et posé sur une dentelle d’or extrêmement fine. Elle-même étant posée sur un autre cristal de roche.
Son rêve serait qu’un collectionneur acquiert les trois pièces avec la maquette de présentation. Elle envisage aussi que personne ne la suive dans cette folie : elle fondra alors le tout pour récupérer la matière brute. De formation scientifique, Marie Genon ne s’en émeut pas car rien ne se perd, rien ne se crée… Tout est toujours en mouvement.
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