Style

18 décembre 2023

Anna Hu, la technicité d’une haute joaillerie Made in France

Pour réaliser ses pièces très sophistiquées, la créatrice Anna Hu fait appel à des ateliers français. Une occasion de mettre en lumière, à nouveau, le travail unique de ces derniers.

Par Sandrine Merle.

 

 

Exposés à la TEFAF, présents dans les grands musées et adjugés à des prix fous dans les enchères, les bijoux de la créatrice Anna Hu sont aussi beaux que spectaculaires. Ils sont aussi très techniques… Pour elle, les faire fabriquer à Paris s’est imposé comme une évidence. Car c’est là que se concentrent encore les meilleurs ateliers qui officient pour les joailliers les plus reconnus et les plus talentueux. Généralement de petite taille et indépendants, ils rivalisent de prouesses techniques pour lesquelles les clients sont prêts à payer des centaines de milliers d’euros.

 

La richesse des matériaux

Ce qui saute d’abord aux yeux avec les bijoux d’Anna Hu, c’est la profusion de pierres de toutes les couleurs. Pas un millimètre carré de métal qui n’en soit recouvert. Le bracelet « Melody » est serti d’un cabochon de chrysobéryl et de près de 3 000 diamants, tourmalines, etc. Impossible de dénombrer celles qui composent les 630 carats du collier « Monet Water Lilies ». L’émail est omniprésent aussi. À cette immense variété des gemmes répond celle des métaux. Les rubans d’aluminium se mêlent aux vis en or sertis d’un diamant, aux griffes en platine, à la monture en argent ou en laiton (comme sur le spectaculaire bracelet « Enchanted Lily »), métal généralement réservé à la fantaisie.

 

Des techniques inédites

« Anna Hu va à l’encontre des codes établis, explique le dirigeant de l’un des ateliers. Ce qui ne l’empêche pas d’être à l’écoute et de nous permettre d’interpréter ses dessins. Ce qui est, soyons honnête, devenu rare. » Pour Anna Hu, les artisans expérimentent et mettent au point des techniques inédites comme la texture veloutée et nacrée des pétales de lys en argent du bracelet « Enchanted Lily ». « Il a fallu plusieurs bains d’acide, des polissages répétés et une finition… classée secret », explique celui qui l’a inventée. Mais impossible d’en savoir plus… L’aspect réaliste des étamines est, lui, obtenu avec des cristaux de roche recouverts d’émail fluorescent.

 

L’aluminium, matériau fétiche d’Anna Hu

Chacun de ses nombreux matériaux se caractérise par des contraintes physiques. Rhodier l’argent d’une monture (c’est-à-dire le recouvrir d’une couche de rhodium pour augmenter son éclat) serti d’émeraudes et des rubis, peut être dangereux : « nous les avons donc enchâssés par l’arrière sur des chatons amovibles en platine (ne nécessitant aucun rhodiage) ». Si l’or et l’argent sont relativement faciles à associer, il n’en va pas de même pour l’aluminium : en plus d’être fragile, le métal fétiche d’Anna Hu ne peut en effet pas être soudé. Raison pour laquelle peu d’artisans veulent se risquer à y sertir une pierre. « Cette difficulté de production est compensée par son extrême légèreté permettant des pièces volumineuses », s’enthousiasme l’artisan qui a notamment réalisé les rubans de la broche papillon et la monture de la broche coquillage.

 

L’ultime prouesse de ces ateliers réside pourtant dans la capacité à faire oublier la haute technicité des bijoux. Ne reste alors que l’émotion devant leur beauté …

 

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