Style
15 mai 2019
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Faune joaillière dans la vente Christie’s à Paris
La vente de Christie’s Paris, en juin prochain, est peuplée de bijoux-animaux : éléphant, chat, lion, hibou ou encore coccinelles. J’ai l’honneur de leur avoir dédié un texte qui figure dans le catalogue. Le voici.
» Le bestiaire est l’un des thèmes majeurs de la joaillerie. A toutes les époques, on croise des processions d’animaux, volant, nageant, courant, rampant. A poil ou à plumes. Domestiques ou sauvages. Stylisés comme pour un album de jeunesse ou plus vrais que nature car inspirés par des planches entomologiques. Peintres et sculpteurs ont leurs équivalents : Fabergé, René Lalique, Cartier, etc. La plasticité des serpents, papillons, hiboux, poissons, colibris se prête particulièrement à l’imagination du joaillier animalier. Ils se glissent facilement au doigt, s’envolent en broche…
La vente de Christie’s présente une arche joyeuse et sympathique. Impertinente et frondeuse. Un royaume enchanté peuplé d’animaux dépourvus de leur animalité. Ces petites sculptures de pierres dures sont attendrissantes. Sur la parure de Cartier, les éléphants si grands et si lourds ont pourtant l’air d’amours. Il ne manque que l’usage de la parole au lion en or de Van Cleef & Arpels avec sa gentille frimousse et sa crinière ébouriffée. Les coccinelles en émail rouge à pois noirs de Boucheron ont de faux airs de peluche. Toutes ces petites bêtes espiègles sont faites pour charmer, d’ailleurs toutes pourraient parfaitement se transformer en charm’s tintinnabulants !
Derrière la naïveté et la simplicité apparentes du dessin, le joaillier animalier déploie des trésors de dextérité. La tête formée par un cabochon, une citrine gravée pour l’aile, de l’or ciselé pour le corps… Sous ses doigts, les pierres précieuses se font pelage et plumage. Le canard arbore un précieux costume d’onyx et de lapis-lazuli. Le coq dans une ultime coquetterie se campe sur ses ergots comme pour mieux montrer la flamboyance de ses plumes en saphirs, émeraudes et diamants. Chez Vhernier, la tortue de mer est vue à travers des eaux turquoises : en réalité, la carapace est formée par une superposition de nacre, de lapis-lazuli et de cristal de roche. Sylvie Corbelin capture, elle, la beauté éphémère du papillon : de véritables ailes vernies, chinées dans une collection entomologique des années 50, s’agencent autour d’une améthyste.
Merveilleuses correspondances entre minéral et animal. Une nature plus belle que nature. «
Christies 9, avenue Matignon, Paris 8e – Exposition 8-12 juin 2019, vente le 13 juin 2019
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