Itinéraires joailliers
03 septembre 2021
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Le Crédit Municipal, un acteur discret mais étonnamment puissant
À bientôt 400 ans, « Ma Tante », comme on surnomme très souvent le Crédit Municipal, est en pleine forme.
Par Marie-Laure Cassius-Duranton.
En marge des maisons de vente traditionnelles, le Crédit Municipal propose, rien qu’à Paris, une centaine de ventes aux enchères par an, principalement de bijoux et de montres anciens ou d’occasion. En 2020, ces ventes ont généré plus de 10,6 millions d’euros. En comparaison, les ventes de bijoux et de montres d’Artcurial ont fait 12,3 millions d’euros, les ventes de bijoux de Christie’s Paris 8,6 millions d’euros, les ventes de bijoux de Sotheby’s Paris 8,3 millions d’euros.
Le Crédit Municipal, ancien Mont de Piété
Cet établissement public de la Ville de Paris (l’actionnaire unique depuis 1992) est fondé sur le principe du prêt sur gage, un prêt garanti par un objet de valeur. Quand vous allez au Crédit Municipal, votre objet est expertisé et estimé en fonction de sa valeur potentielle en vente publique. Sur cette base, on vous accorde un prêt d’un montant compris entre 50 % et 70 % de cette valeur. Si vous ne remboursez pas ce prêt, votre objet sera vendu aux enchères. Le Crédit Municipal, qui s’appelait à l’origine Mont-de-Piété, a été créé en 1637 par Théophraste Renaudot, philanthrope, médecin du roi Louis XIII et ami du cardinal de Richelieu. Il ne devient Crédit Municipal qu’en 1918, date à laquelle il développe ses activités bancaires, parallèlement aux prêts sur gage.
Un succès croissant du Crédit Municipal
Parmi ces centaines de ventes, celles de la semaine sont particulièrement prisées des professionnels. Quant à celles du week-end, dites « de prestige » cataloguées plusieurs fois par an, elles rencontrent un succès croissant auprès du grand public. L’intérêt tient notamment aux frais de vente judiciaires (c’est-à-dire contraintes) de 14,40% particulièrement bas par rapport à ceux des ventes volontaires allant de 20 à 30% du prix d’adjudication. Mais c’est probablement aussi parce que dans l’imaginaire collectif, les acheteurs ont l’impression d’y faire de bonnes affaires. Ce qui n’est pas toujours le cas, les prix peuvent s’envoler !
Les plus belles ventes du Crédit Municipal
Le Crédit Municipal a à son actif de très belles ventes comme celle en 2011 présentant une série de pièces exceptionnelles signées Van Cleef & Arpels dont une bague ornée d’une émeraude probablement colombienne de 35,35 carats adjugée 180.000 € ou un collier en platine et diamant adjugé 131.000 €. Ont également fait le bonheur des acheteurs : une bague de Suzanne Belperron en or, saphir jaune et citrines ou un pendentif « Roi de Surgilie » signé Victoire de Castellane pour Dior. De temps en temps, on peut aussi y découvrir des pièces de JAR. Dernier coup d’éclat, en juin dernier : une Patek Philippe Nautilus estimée à 8 000 / 12 000 € a, elle, atteint les 51 000 €. À surveiller de près donc !