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14 juillet 2023

Marie Lichtenberg, une stratégie inattendue face à la contrefaçon

Le pendentif « Locket » en émail de Marie Lichtenberg est l’un des bijoux les plus copiés. Pour tourner en dérision les contrefacteurs, la créatrice parisienne vient de lancer des « copies originales » nommées « Raiz’In ».

Par Sandrine Merle.

 

 

Sandrine Merle. Qu’entends-tu par « une vraie copie du Locket, l’originale » dont tu as vendu 3 000 exemplaires en 3 jours ?

Marie Lichtenberg. Au lieu d’être en émail, ces nouveaux « Lockets » sont en résine alimentaire pailletée. Le cordon est, lui, en fils de polyester. Fabriqués entre la France et la Bulgarie, en partie à la main, ils sont vendus 190 euros. Cette idée de vraies copies est née il y a un peu plus de deux ans en réponse à ceux qui inondent le marché de contrefaçons et à ceux qui les achètent. Il ne s’agit pas d’une version plus accessible de mon « Locket » mais bien d’une copie de mon propre design. Il n’était pas envisageable de gagner de l’argent avec, je reverse donc une partie des bénéfices à l’Institut Rafaël. Quelques jours après leur lancement, ils étaient déjà sold out et je ne prévois pas de réassort : « Raiz’In » est une collection capsule qui ne reviendra qu’une fois par an, voire tous les 2 ans.

 

S.-M. Ton « Locket » émaillé, bijou iconique de la marque, a été copié à des milliers d’exemplaires avant même qu’il ne connaisse ce succès phénoménal.  

Marie Lichtenberg. Les premières copies du « Locket » en émail sont apparues à peine un mois et demi après le lancement qui, lui, a eu lieu la veille du lockdown. Elles venaient de la seule région du monde qui n’était pas confinée : la Chine ; vous pouviez en acheter 30 pour 20 euros sur AliExpress. Autant dire que nous avons été pris de court car en plein confinement, déposer des brevets a pris un temps fou et nos ateliers de production, en Inde, étaient fermés. Aujourd’hui, je sais que ça fait malheureusement partie de la vie d’une entreprise.

 

S.-M. Ces contrefaçons ont-elles mis ta marque en danger ?

Marie Lichtenberg. La marque a été rentable dès les premiers mois, j’avais donc de l’argent pour me défendre. En 4 ans, j’ai dépensé à minima 200 000 euros sans compter les dépôts de brevets (pour se protéger en amont), ni le temps consacré à constituer les dossiers. Les premières décisions de justice commencent à tomber seulement aujourd’hui… C’est un travail sans fin (on vient encore de découvrir des entrepôts remplis de Lockets) car les législations diffèrent selon les pays. On renonce aussi à certaines procédures, trop lourdes. Pour moi, la contrefaçon est la nouvelle cocaïne, c’est un moyen très facile de blanchir de l’argent. Ainsi en reversant une partie des bénéfices à l’institut Rafaël, j’inverse la donne : pour une fois, elle sert à quelque chose de positif.

 

S.-M. Tu as écrit un dossier de presse plein d’humour avec notamment ceci : « merci à ceux qui les admirent tellement qu’ils les copient sans le moindre scrupules » et tu leur dédies cette collection.

Marie Lichtenberg. Dans mon cas, la contrefaçon a été tellement agressive qu’elle a canonisé mon « Locket ». Elle m’a aussi obligée à aller plus vite que prévu, à me dépasser, à avoir toujours une longueur d’avance : il a fallu que je développe extrêmement rapidement la production et que je monte en gamme pour que les contrefacteurs même très forts ne puissent pas suivre… J’ai sophistiqué mes systèmes d’ouverture et mes charnières, je me suis mise à utiliser des techniques artisanales impossible à reproduire à la machine comme le guillochage. Résultat : leur copie ne ressemble jamais qu’à une copie.

 

S.-M. La copie semble inévitable quand on a du succès ou une expertise.

Marie Lichtenberg. Cela peut aller très loin… Mais à la longue, c’est presque devenu un jeu : si une de mes nouveautés n’est pas contrefaite, je suis presqu’inquiète !

 

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Faire expertiser son bijou ancien ou vintage : pourquoi et par qui ? 

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