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18 mars 2023

Faire expertiser son bijou ancien ou vintage : pourquoi et par qui ? 

Augmentation phénoménale des prix de l’ancien et de l’occasion, acheteurs basés à l’autre bout du monde, explosion de la contrefaçon… Dans ce contexte, l’expertise des bijoux de seconde main prend une ampleur inédite.

Par Sandrine Merle.

 

 

« Lors de la dernière foire de Hong-Kong, les acheteurs demandaient systématiquement des certificats y compris pour des pièces de moyenne qualité. Dorénavant on ne vend plus un bijou, on vend un papier », constate avec regret un marchand. Ce phénomène existe depuis longtemps en horlogerie : « personne n’aurait l’idée d’acheter une Rolex sans certificat », note Olivier Bachet expert notamment de Cartier à qui il a consacré un ouvrage. Il faut dire que le certificat peut impacter immédiatement le prix à la hausse : un bracelet Art déco anonyme qui vaut €20 000 atteint €80 000 s’il est authentifié Cartier. Olivier Baroin, expert de Suzanne Belperron, évoque-lui une chevalière en argent, améthyste et cabochons de chrysoprase adjugée fin 2017, -faute d’attribution- €3 700 sur une estimation de €600 à €800. Elle a été revendue chez Aguttes fin 2018, -dument attribuée à Suzanne Belperron-  €75 000 sur une estimation de €8 000 à €10 000.

 

Pourquoi la montée en puissance du certificat d’authenticité ?

Avant, la parole d’un expert lambda ou d’un spécialiste dans une maison de vente aux enchères faisait foi auprès des acheteurs.  Avant quoi ? Avant la mondialisation, les achats faits online grâce à une simple photo et l’arrivée d’investisseurs sur le marché. « Plus c’est loin, plus c’est cher et plus on a besoin de garanties pour rassurer », résume Violaine d’Astorg directrice du département joaillerie chez Christie’s. Beaucoup pointent aussi du doigt l’émergence des investisseurs chinois encore peu connaisseurs de ce marché complexe de la seconde main. « Il y a beaucoup de transformations, de remontages et surtout il existe maintenant de parfaites copies avec faux poinçon de maître, fausse signature à l’échoppe et faux numéro », avertit Thomas Torroni-Levene gardien du temple et des archives René Boivin.

 

Où trouver le meilleur certificat d’authenticité ?

« Nous sommes les seuls à pouvoir garantir l’authenticité et l’intégrité d’un bijou », affirme Pierre Rainero directeur du patrimoine et du style de Cartier tout comme les autres maisons détenant leurs archives. Mellerio, Cartier, Boucheron, Chaumet ou encore Van Cleef & Arpels sont effectivement les seules à pouvoir trouver la preuve ultime, à savoir la commande nominative ou le dessin correspondant au bijou. Sauf que toutes ces maisons ne délivrent plus de certificat d’authenticité, sans doute faute de temps et parce qu’elles achètent les plus beaux bijoux pour elles-mêmes. Deux exceptions à noter : Boucheron et Van Cleef & Arpels à condition de débourser entre 1 000 et 2 000 euros. « Du coup, tous les acteurs de ce marché de la seconde main travaillent les uns contre les autres », regrette une professionnelle.

 

Comment obtenir une expertise sérieuse ?

« Le online a fait émerger des pseudo-experts qui certifient tout et n’importe quoi, explique Olivier Baroin. À force, plus rien n’est bon… » Pour simplifier, le mieux est de trouver celui le détenteur des archives ou celui qui a accès comme Marguerite de Cerval pour Mauboussin, Pam Lipkin pour Paul Flato, Olivier Baroin pour Suzanne Belperron ou encore Thomas Torroni-Levene pour René Boivin. Pour obtenir une bonne expertise, rien ne vaut aussi la grande expérience du terrain qu’ont les grands et/ou vieux marchands. Et surtout il y a les anciens conservateurs du patrimoine des maisons fort d’une immense connaissance des archives. Ils ont examiné des milliers de pièces… D’où l’excellente idée d’Olivier Bachet de réunir dans l’association IAJA (International Antique Jewellers Association) Bernhard Berger ex-Cartier, Catherine Cariou ex-Van Cleef & Arpels, Annamarie Sandeki ex-Tiffany & Co. et Angela Hedges ex-Harry Winston. Ils ne délivrent qu’une expertise c’est-à-dire un avis comme le fait un expert lambda. « Mais au regard de leur statut et de leur expérience, il a évidemment une immense valeur équivalente à celle d’un certificat d’authenticité », précise-t-il.  Et cela en trois ou quatre semaines, comptez 1 250 euros.

 

Image en bannière : archives Mellerio

 

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