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19 avril 2023

Ce qu’il faut savoir avant d’acheter un bijou René Boivin

La découverte du fond extraordinaire d’archives de la maison René Boivin permet désormais l’élaboration d’un certificat d’authenticité qui chamboule le marché

Par Sandrine Merle.

 

 

Dans la vente de la collection Tezenas qui vient d’avoir lieu chez Annabelle Cukierman (18 avril 2023), plusieurs bijoux étaient accompagnés d’un certificat d’authenticité René Boivin, délivré par Thomas Torroni-Levene nouveau propriétaire des archives. Résultat : €60 580 (estimée €3-6 000) pour une paire de boucles d’oreilles en forme de motif « Paisley » -très représentatif du style de la maison- (commande datant du 7 décembre 1937).

 

Le certificat de la maison René Boivin, le nouveau sésame

Le certificat d’authenticité établi par Thomas Torroni-Levene ne repose sur aucune subjectivité mais uniquement sur la base de documents tels que les livres de commandes -mentionnant le nom des acheteurs-, les livres de stocks, les fiches d’ateliers mais aussi de très nombreux dessins. Exigence conforme à celle des plus grandes maisons comme Van Cleef & Arpels ou Boucheron pour leurs bijoux. « Pour retrouver les bijoux de la succession Tezenas, j’ai dû parcourir les archives des années 30 pendant quelques jours, c’est un travail considérable », explique Thomas Torroni-Levene. Second pilier de l’authentification, l’étude précise de la manière dont le bijou est fabriqué : tout peut être indice ; montage, ajustages, mise à jour, certains détails typiques de fabrication propres à certains ateliers et la patine est elle aussi un précieux témoin du temps qui passe. « Cela ne s’invente pas car René Boivin a travaillé avec des dizaines d’ateliers que je continue à recenser », explique Thomas Torroni-Levene.

 

Thomas Torroni-Levene et les archives René Boivin

René Boivin, un « atelier de dames »

TFJP x Christie’s Paris, comment porter un bijou vintage /1

 

Un marché chamboulé

Cette vente confirme le rôle déterminant du certificat d’authenticité sur le marché en 2022, dès l’annonce de la découverte des archives. Le 6 décembre 2022, son existence permettait de multiplier par deux l’adjudication d’une broche double-clips en saphirs vendue €23 400 chez Adam’s contre €11 440 (avec une simple attestation) le 12 juillet 2021 chez Tajan. À contrario, en novembre 2022, non pourvue d’une authentification par la maison René Boivin, une bague argent et laque noire ornée d’une perle a vu son adjudication divisée par quatre : adjugée €2 000 chez Christie’s (sur une estimation de 5-7 000) quand bien même elle avait été vendue €10 800 chez Aguttes en 2016 (avec une attestation faisant foi à cette époque). Un résultat qui laisse supposer que les attestations qui faisaient foi jusqu’alors ne sont plus d’actualité. Sans ce sésame, un bijou René Boivin n’est donc plus un bijou René Boivin.

 

Pour Thomas Torroni-Levene il est inconcevable d’attribuer au joaillier un bijou « dans le goût de René Boivin ». « Cette rigueur est fondamentale pour assainir un marché déstabilisé par trop d’attestations, un peu comme celui de Corot en peinture… Il faut donc restaurer la confiance. » Cette démarche s’inscrit dans un contexte où le nombre d’experts explose et dans lequel l’acheteur ne sait plus à qui se vouer.

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