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06 janvier 2020
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Kazumi Arikawa, addict aux camées et aux intailles
Lors de ma dernière visite chez Albion Art à Tokyo, Kazumi Arikawa m’a fait découvrir sa très belle collection de camées et intailles, enrichie par ses récentes acquisitions chez le marchand londonien Wartski.
Toujours dans l’ambiance solennelle des chants grégoriens, une trentaine de petits écrins de velours arrivant de chez Wartski m’attendaient sur les tables de son salon. Dans chacun d’eux, un camée ou une intaille, pierre taillée en relief ou en creux, représentant des scènes mythologiques ou des personnages historiques. « Il est devenu complètement fou en voyant la sélection proposée par Thomas Holman, en octobre dernier lors de l’exposition-vente intitulée Multum in Parvo c’est-à-dire beaucoup de choses dans un petit espace », explique sa collaboratrice. Thomas Holman, directeur de Wartski, a mis 4 ans à rassembler ces spécimens uniques dont certains ont appartenu à la collection du duc de Marlborough, référence ultime en la matière. Et puisqu’il était impossible de réserver les camées convoités, Kazumi Arikawa s’est assuré d’être le premier en mandatant des étudiants pour faire la queue devant le magasin trois jours avant !
La collection de camées et d’intailles
Elle comprend aujourd’hui une cinquantaine de pièces illustrant l’art de la gravure des pierres précieuses, d’Alexandre le Grand à Napoléon III. Certaines sont à vendre, d’autres non. Une majorité date de la fin du 18e siècle et du 19e siècle avec des grands noms de la glyptique comme Benedetto Pistrucci, Merchant et Giovanni Pichler. Chez Wartski, Kazumi Arikawa l’a enrichie de spécimens gréco-romains extrêmement rares qui, aujourd’hui, se trouvent généralement dans les musées et de très beaux classiques : un Hermès et un magnifique jeune Hercule avec sa massue sur l’épaule sculptés par Giuseppe Cerbara ; une Vénus d’Arles dans son médaillon ; un Cupidon jouant de la double flûte ; un Blacas noir et blanc venu compléter un ensemble de profils de grands hommes dont Michel-Ange, Richelieu, Socrate, Hadrien ou encore Platon. Impossible de détacher le regard de ces profils très purs, des détails de musculature en transparence, des boucles de cheveux et des bijoux de tête.
Dans la bibliothèque d’Albion Art
Avec quelques 7 000 ouvrages, la bibliothèque de Kazumi Arikawa est l’une des plus remarquables. La partie pierres gravées comprend des raretés comme le « Deorum Dearumque Capita » (1683) de Ortelius ayant appartenu au Grand Dauphin ou encore la copie personnelle du cardinal Albani de « Monumenti antichi » par J.J. Winckelman. Le catalogue de la collection du musée d’Oxford auquel ont participé de grands spécialistes comme John Boardman et Diana Scarisbrick (une très proche de Kazumi Arikawa) y figure aussi. Dans la bibliothèque, j’ai aussi découvert des livres d’empreintes en plâtre d’intailles méticuleusement rangées, « comme des fondants dans la boîte d’un grand confiseur », disait Marguerite Yourcenar. Elles permettent de voir le motif en positif et de mieux apprécier sa facture. Un connaisseur a d’ailleurs toujours sa petite boîte de cire molle pour, si besoin, en réaliser une en quelques secondes.
Les origines d’une passion
Camées et intailles sont des bijoux hyper élitistes. « J’ai pu apprécier cet art de la glyptique grâce à mon œil déjà exercé à la sculpture notamment bouddhiste », explique Kazumi Arikawa. Une culture classique est en effet nécessaire pour comprendre ce bijou touchant aux fondements de la civilisation européenne : au-delà de la facture, du nombre de couches, de la précision des motifs, « il faut être capable d’associer les portraits idéalisés aux personnages historiques et de déchiffrer les scènes mythologiques qui, à l’époque, étaient immédiatement lisibles », estime une spécialiste. Comme avec les diadèmes dont il a fait flamber la côte, Kazumi Arikawa a compris le potentiel de ces objets encore méconnus des clients Asiatiques et encore considérés en Europe comme des bijoux désuets.
En constituant cette collection Albion Art, le nom de Kazumi Arikawa se trouve associé à celui des plus grands collectionneurs comme le duc de Marlborough, la Grande Catherine ou encore le peintre Rubens.
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