Business
02 février 2021
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La blockchain au service du luxe
Sécurité, transparence, authentification… La technologie blockchain semble répondre aux enjeux fondamentaux actuels du luxe.
Par Sandrine Merle.
La blockchain est une technologie qui permet l’enregistrement et l’émission ultra sécurisées de données grâce à un stockage décentralisé sur des milliers de serveurs. Autrement dit, elles sont dupliquées sur des milliers de blocs et non pas stockées par un seul intermédiaire comme par exemple une banque pour les transactions monétaires. Pour corrompre ces données, il faudrait pirater au moins la moitié des blocs, ce qui aujourd’hui, prendrait des siècles avec les ordinateurs les plus performants. Par extension, la blockchain a aussi donné son nom à un écosystème, une structure dans laquelle des marques, même concurrentes, s’unissent autour de protocoles et de règles.
Quelles sont les blockchains du luxe ?
Parmi une quinzaine de blockchains dans le monde avec des technologies différentes, citons les françaises :
– Arianee co-fondée entre autres par Pierre Nicolas Hurstel, Frédéric Montagnon, et les co-fondateurs de Vestiaire Collective, Alexandre Cognard et Christian Jorge. À ce jour, le protocole a été adopté par le groupe Richemont propriétaire de Cartier, Piaget, Vacheron Constantin, etc.
– GoodsID co-fondé par Loÿs de la Sourdière. Y ont aujourd’hui déjà adhéré deux jeunes marques de joaillerie basées sur les diamants de synthèse, Courbet et Loyal.e.
– Une troisième, Aura a, elle, été créée par le groupe LVMH qui communique peu sur ce sujet.
La clé de tout : le certificat
Arianee et GoodsID se sont positionnées sur l’authentification grâce à la création par la marque d’un certificat infalsifiable et non duplicable pour chaque montre, bague, collier, etc. Concrètement, le propriétaire enregistre les données liées aux événements de la vie de son bien (prix d’achat, réparation, garantie, déclaration de vol) dans la blockchain. Une fois verrouillées, elles apparaissent sur le certificat et deviennent non modifiables (même par le propriétaire). Elles restent cependant accessibles et consultables notamment par la marque.
La blockchain, ça sert à quoi ?
Le certificat blockchain d’Arianee ou de GoodsID devient pour les marques un outil pour tracer leurs produits qui, une fois sortis de la boutique, s’échangent et se revendent de plus en plus vite. « Car nous en perdons vite la trace », reconnaît Guillaume Boillot directeur des opérations chez Vacheron Constantin lors d’une conférence chez Nelly Rodi en 2019 (vidéo en bannière 25:05 et 43:40). Ce certificat permet aussi à la marque d’enrichir la relation client en communiquant grâce à une messagerie. « Le client reste anonyme et a la possibilité de fermer la messagerie », précise Pierre Nicolas Hurstel. GoodsID a aussi développé un service en cas de vol pour le joaillier Courbet : « la déclaration de vol d’une bague enregistrée dans la blockchain limite le risque de fraude pour l’assureur. L’expertise existant déjà, il sait ce qu’il va indemniser », explique Loÿs de la Sourdière.
Un bémol ?
Si demain Cartier, Chanel ou Marie-Hélène de Taillac annonce que chacun de ses bijoux est doté d’un titre de propriété blockchain, ceux qui en seront dépourvus seront alors considérés comme suspects. Énorme avantage pour le consommateur, il se trouve ainsi protégé de la contrefaçon ou d’objets dénaturés. Mais il peut aussi y voir une forme de surveillance : il devient risqué de faire intervenir tout tiers non agréé par la marque même pour changer la pile de sa montre ou polir son bijou. Celle-ci pourrait un jour estimer que cela a nuit à l’intégrité de son produit lui faisant ainsi perdre sa valeur.
Bienvenue dans le nouveau monde du luxe.
Vidéo en bannière : conférence Arianee x Nelly Rodi avec Pierre Nicolas Hurstel d’Arianee, Guillaume Boilot COO Vacheron Constantin (25:05 et 43:40), Nardjisse Benmebarek Digital Director NellyRodi (08:10), Claire Balva CEO Blockchain Partner (16:32) et Christian Jorge Co-founder de Vestiaire Collective & Arianee (30:20)
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