Business

13 septembre 2018

Bruno Zarcate, Burma et les pierres de synthèse

La montée en puissance des pierres de synthèse en joaillerie suscite débat et polémique. La maison Burma étant une pionnière dans ce registre, j’ai rencontré son propriétaire, Bruno Zarcate.

 

Les pierres de synthèse sont votre matériau de prédilection depuis très longtemps…

Quand mon grand père a repris Burma en 1956, la spécialité de cette maison était la perle de culture et le strass. A partir des années 70, nous avons remplacé ce dernier par les pierres de synthèse. Elles ont les mêmes propriétés chimiques que les pierres naturelles, il est impossible de voir la différence à l’œil nu ! Et bien sûr, elles sont moins chères même si le carat d’une belle émeraude de synthèse peut atteindre 100 dollars contre au minimum 3 500.

 

Vous avez déposé le terme Burmalite™ en 1976, de quoi s’agit-il précisément ?

Il s’agit de la marque désignant l’ensemble de nos pierres, de l’oxyde de zirconium qui imite le diamant aux corindons (autrement dit saphir, rubis, émeraude) de synthèse. Certaines sont tellement belles, comme ce saphir bleu de 60 carats que ma fille Alexandra Zarcate, qui vient de reprendre la direction artistique, a décidé de le mélanger avec des diamants naturels.

 

Votre positionnement unique peut paraître difficile à comprendre…

Longtemps les gens ont assimilé Burma à du faux à cause des pierres de synthèse. Mais est-ce que l’on dit d’une perle de culture qu’elle est fausse ? Nous sommes sur une niche, nous nous singularisons par une catégorie de pierres un peu folle que l’on associe à une démarche de haute joaillerie : des pièces uniques, une qualité extrême et une réalisation dans des ateliers parisiens avec des techniques ancestrales comme la fonte à cire perdue.

 

On parle beaucoup du diamant de synthèse ce qui va sans doute permettre de démystifier ces pierres de synthèse… D’ailleurs pourquoi ne pas l’utiliser ?

Nous l’utiliserons un jour mais pour l’instant son prix, 40% du naturel, reste encore élevé. A terme, je pense qu’il devrait descendre à seulement 10% : il se positionnera alors comme il se doit, c’est-à-dire comme un produit relevant de la fantaisie. Autre raison pour laquelle le diamant de synthèse est absent de nos collections : il n’existe pas encore de grosse pierre de 10 carats comme Burma les aime !

 

Sur vos publicités des années 30-50, les femmes ont beaucoup d‘humour. Quel type de femme porte aujourd’hui vos bijoux ?

Celles qui aiment mélanger les bijoux en pierres naturelles et de synthèse. Elles voient la première comme un placement, la seconde comme une possibilité de voyager l’esprit tranquille. Les bijoux Burma leur permettent aussi de changer plus souvent. En aucun cas, ces femmes n’hésitent entre les deux : elles ne rêvent pas au dessus de leurs moyens et n’ont pas le syndrome de celles qui ne peuvent pas s’offrir une émeraude. Julie Gayet qui a porté des bijoux Burma au festival de Cannes, en 2011, a été l’une des premières à apprécier leurs dimensions écologique et éthique.

 

Articles relatifs à ce sujet :

De Beers, diamant synthétique vs naturel

20

 

Articles les plus lus

Léonard Rosenthal « le roi de la perle fine », raconté par Léonard Pouy dans le livre "Paris, capitale de la perle"

Léonard Pouy, commissaire de l’exposition « Paris, Capitale de la perle » et auteur du remarquable livre éponyme aux éditions Norma, évoque le...

Les Mouzannar, une histoire de famille

Aujourd’hui, les souks historiques de Beyrouth n’existent plus… Mais c’est là, que l’histoire de Selim Mouzannar a commencé.

Voyage autour de l’établi : la cheville

Neuve, il faut bien reconnaître que la cheville n’a rien de passionnant. Mais au fur et à mesure du temps, elle se retrouve trouée, éraflée, râpée,...

L'engouement pour le trunk show

Tous les professionnels s’accordent à dire que le trunk show est la suite logique du dépôt-vente.

Ventes aux enchères : la joaillerie contemporaine a-t-elle sa place ? 

Bien conscient des difficultés pour vendre cette joaillerie contemporaine, la maison Sotheby’s ouvre une nouvelle voie.

Des nouvelles de Selim Mouzannar, à Beyrouth

 » Je n’ai pas le droit de me laisser abattre. Croire et lutter pour la paix est notre seul espoir. «