Style
12 janvier 2017
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Puyuan Yang, créatrice chinoise
Ne pensez pas sortir avec les bijoux de Puyuan Yang, ils s’apparentent à des œuvres d’art.
Le rendez-vous avec cette jeune hongkongaise d’à peine 25 ans, diplômée de la Saint Martins School, a lieu dans l’atelier d’une de ses amies, tout à l’ouest de Hong Kong. Pour accéder au 15e étage d’une barre d’immeubles abritant un dédale d’entrepôts, il faut affronter un ballet assourdissant de chariots métalliques, de monte-charges, etc. Dans les halls, les à-plats de couleur et d’idéogrammes chinois éclairés au néon feraient le bonheur de Martin Parr.
L’idée
Les créations en laiton de Puyuan Yang ne sont pas des bijoux, elles s’apparentent à des pièces d’art conceptuel que l’on s’attendrait à trouver dans les galeries les plus hype. Ces structures métalliques contraignent le corps et l’obligent à prendre des postures de figures mythiques comme le Discobole, les Trois Grâces de Botticelli, le David de Michel-Ange ou le Dieu créateur de la chapelle Sixtine. On aboutit à une gestuelle classique et à des contorsions baroques.
La réalisation
Pour les reproduire, elle a mis au point un système de tiges en arc de cercle à glisser sous les vêtements et auxquelles sont fixés des crochets, les mêmes qui maintiennent les œuvres d’art dans les musées. La tête se tourne sur le côté dans un mouvement se déployant sur le côté, le bras est tendu et l’index projeté vers un autre bras prenant une pose comparable. En les regardant, on peut deviner à quelles œuvres elles font référence.
Une néo-rupture
« Mes bijoux ne sont pas des ornements. Ils sont faits pour transformer le corps en objet de musée ou de galerie d’art contemporain », explique Puyuan Yang. Nés d’un désir d’expérimentation, d’une curiosité et même d’un jeu, ils ont vocation à interroger la notion de beauté idéale et la fonction du bijou. Importables, ils sont les héritiers des pièces d’artistes des années 1960 comme Gijs Bakker. Ils traduisent aussi l’overdose de pièces trop vues comme les ear cuffs, bagues de phalange, doubles-bagues ou encore bracelets de main sertis de diamants et dupliqués à l’infini par des centaines de marques.