Itinéraires joailliers

03 janvier 2017

La collection du musée de Minéralogie de l’École des Mines

Cette collection, l’une des plus importantes au monde, reste méconnue du grand public. Tout comme le lieu au charme fou dans lequel elle est exposée.

 

Pour accéder à ce musée de 1000m2, il faut pénétrer dans l’École des Mines, puis monter un grand escalier de marbre pour arriver finalement dans une superbe enfilade de pièces. Ici, pas de scénographie spectaculaire, ni de présentation virtuelle : le parquet craque sous les pas, les grandes fenêtres mal isolées offrent une vue sublime sur les serres du jardin du Luxembourg. Quant aux minéraux, ils sont rangés dans des meubles en chêne de Hongrie comme dans un cabinet de curiosités. Rien n’a changé ou presque, depuis 1850.

 

La « collection systématique » de minéraux

Elle a été constituée par des professeurs et des étudiants ingénieurs de l’École des Mines, depuis sa création en 1783. Ils ont récolté des échantillons et inventorié chaque ressource minérale de la France et du monde. Aujourd’hui, il y en a 100 000 minutieusement organisés par famille, composition chimique et selon la classification systématique internationale. Certains spécimens sont exceptionnels comme les deux azurites, le cristal de péridot et la brazilianite. Faute de moyens et de place, seuls 45 000 sont exposés et les réserves comptent des merveilles comme les minéraux des campagnes napoléoniennes d’Égypte.

 

Une collection hautement stratégique

Cette collection commencée il y a plus de 200 ans n’a plus de but pédagogique, elle est déconnectée de l’École des Mines. En revanche, elle est aujourd’hui plus que jamais utile aux chercheurs : grâce à des prélèvements sur ces échantillons dont on connaît la provenance exacte, ils tentent par exemple de localiser des « terres rares », c’est-à-dire les minéraux indispensables aux nouvelles technologies. Sont ainsi évitées des extractions longues, coûteuses et inutiles occasionnant pollution et conflits. Pour mieux faire comprendre les enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux autour de ces minéraux, le conservateur Didier Nectoux lance son slogan aussi simple qu’efficace : « Pas de tantalite, pas de SMS ».

 

Les Joyaux de la Couronne

L’année dernière le musée a fait parler de lui grâce à trois nouvelles vitrines consacrées aux Joyaux de la Couronne. Les gemmes parfaitement polies ou facettées tranchent avec les cristaux de la collection systématique. Eux, parlent d’histoire, de têtes couronnées, de cambriolages et d’amour. 42 émeraudes de Muzo ayant orné la couronne de sacre de Napoléon III côtoient les améthystes provenant d’une parure de l’impératrice Marie-Louise (réalisée par Nitot, ancêtre de Chaumet). Les topazes roses, achetées par Napoléon Ier pour créer la parure de « Rubis du Brésil » de l’impératrice Marie-Louise en font aussi partie. Ces merveilles qui dormaient jusqu’à l’année dernière dans les réserves du musée ont permis de doubler le nombre des entrées qui a atteint 20 000 en 2016.

 

Contrairement aux apparences, ce musée parisien au charme suranné s’inscrit plus qu’aucun autre, dans le futur.

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